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Tornade - Jennifer Brown

Traduction : Céline Alexandre

Editions: Albin Michel / collection Wiz (broché)

Prix : 14.90 euros

Où ? : Albin Michel / Place des libraires

288 pages

Emprunté à la médiathèque

Tornade - Jennifer BrownTornade - Jennifer Brown
Après avoir lu l'excellent Hate List, je suis tombée par hasard sur cet autre roman de Jennifer Brown à la médiathèque. Stupeur ! Joie ! Ni une ni deux, je l'ai embarqué avec moi, direction un moment livresque sous ma couette ! Va-t-il être à la hauteur du précédent roman ? Et bien, je dis oui ! Pensant lire le récit sur le passage d'une tornade, j'ai totalement était prise au dépourvu. En se focalisant sur l'après, l'auteure surprend une fois de plus le lecteur avec une histoire dramatique élevé par une plume sensible. Car pour Jersey, personnage principal, la tornade n'est que le début de la catastrophe. En perdant des êtres chers, celle-ci est envoyée par son beau-père chez son père biologique...qu'elle n'a jamais connu ! Du travail de deuil s'accumule la perte des repères et la violence des sentiments. Bouleversant, ce roman traduit une émotivité à fleur de peau dont on ne peut sortir indemne.

Catastrophe psychologique

Un jour banal pour Jersey, seize ans. Sa mère conduit sa pénible petite sœur Marine à son cours de danse tandis qu'elle est de corvée de dîner. Soudain, sans prévenir, une tornade d'une rare violence s'abat sur la ville d'Elizabeth, détruisant tout sur son passage. Se réfugiant au sous-sol, Jersey ne se doute pas un instant des conséquences de la catastrophe sur sa vie future. Perdue au milieu des décombres, rien ne semble avoir survécu ou presque. Comment vont sa mère et sa sœur ? En retrouvant Ronnie son beau-père quelques jours plus tard, Jersey est confrontée à la triste réalité : les deux êtres qui comptaient le plus pour elle sont morts. Bouleversé et incapable de surmonter la douleur, Ronnie prend une décision radicale : confier Jersey à son père biologique habitant Caster City et avec lequel elle n'a jamais eu de contact.

La tornade avait emporté ma maison et m'avait écartelée au passage. Ils ne pouvaient pas imaginer la rage que j'avais au fond de moi. La perte de repères, le sentiment de culpabilité, la volonté d'abdiquer. Les plaies à vifs, les cicatrices sans cesse rouvertes. Même moi, qui le vivais, je ne comprenais pas.

Un drame

De ce drame adolescent, je ne m'attendais pas à ça ! En imaginant un huis-clos angoissant, j'étais complètement à côté de la plaque et tant mieux, car en passant avec rapidité sur la tornade, Jennifer Brown m'a de nouveau surprise. Déstabilisée par cette approche, je l'ai été encore plus par la suite. Échapper à une tornade, ok. Perdre sa mère et sa sœur, je commence à avoir le cœur qui chavire, mais se retrouver du jour au lendemain dans une famille inconnue sensée être la sienne, là il coule tout net. 

De l'impuissance de l’héroïne, le sentiment d'empathie est totale. Avec minutie, l'auteur nous plonge dans la longue et douloureuse spirale du deuil, mais surtout de la reconstruction. Comment faire son deuil lorsqu'on n'assiste pas au funérailles ? Comment aller de l'avant quand on perd absolument tous ses repères ? De la perte, le brouillard s'épaissit autour de Jersey.

D'un pincement au cœur, on assiste à la lente descente aux enfers de la jeune fille. Ébranlée face à l'incompréhension du comportement de son beau-père, je n'en ai pas moins été par l'accueil réservé par la famille paternelle. Composée de grands-parents, d'une tante et ses rejetons ainsi que de son propre père, belle-mère et demi-sœurs, si Jersey a vécu jusqu'ici une vie heureuse, le passé s'invitant, va changer la donne. Absolument immonde et exécrable, cette famille va remettre en doute l'image de la mère de Jersey...

J'ai repensé à la théorie de maman pour qui Harold et Billie étaient malheureux parce que la vie ne les avait pas épargnés. Je me demandais quels drames ils avaient vécus, s'ils s'étaient renfermés sur eux-mêmes pour fermer la porte au malheur. Finirais-je comme eux, moi aussi, froide comme la glace, malheureuse, blasée, balançant à quelqu'un qui vient de perdre ses parents : "Tous les jours il y a des drames".

Poignant, ce récit m'a touché par la maturité de son écriture. Loin d'être un roman adolescent lambda, il questionne tout en provoquant de fortes émotions. Passant des larmes à la colère, j'en suis ressortie remuée tant par l'histoire que par la description affective puissante de la romancière.

Dans le saisissement le plus total, un thé noir Betjeman & Barton "Eden Rose", aux intenses notes florales, se complétera avec aisance aux fraises tagada pour une lecture efficace.

Lecture conseillée : Hate list, Jennifer Brown

 

 

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