28 Décembre 2018
Editions : Alma
Prix : 18 euros
Où : Alma éditeur / Place des libraires
200 pages
Acheté sur le Bon Coin
Gagné trois fois Questions pour un champion est déjà formidable, mais participer à Questions pour un super champion est inespéré ! C'est en loupant la sonnerie de son réveil que débute le récit de notre protagoniste. Une chemise rouge et des madeleines trempées dans du coca plus tard, Olivier est fin prêt à en découdre avec les autres candidats. Au fil du jeu, celui-ci expose de nombreuses anecdotes sur ce qu'a été sa vie jusqu'à présent. De sa mère et de ses origines, de ses déboires avec l'éducation nationale, aux premiers balbutiements amoureux et sexuels, Olivier Liron dresse un portrait drôle et d'une sensibilité déconcertante. Place au jeu !
Moi, Otta Dix et la guerre des tranchées, je connaissais ça plutôt bien. J'aime les représentations de la guerre, les récits de guerre, les films sur la guerre. C'est là que l'humanité révèle sa vraie nature. Mes tranchées à moi, mon enfer à moi, je les ai connus plus jeune. (...) Il y a quelque chose à voir avec la vérité, dans ce face-à-face avec notre propre violence. (...) Mon bagne à moi, c'est le collège républicain d'un petit village de province. A ceci près qu'Anton Tchekhov est un écrivain de génie, j'ai fait la même expérience : le déclenchement de l'écriture est lié à la sensation intime de l'horreur.
Des difficultés qui ont jalonnées son existence, Olivier Liron en fait sa force. De ce regard libre sur le monde qui l'entoure, il en a souvent fait les frais. C'est ce syndrome Asperger dont il parle comme d'un vieux camarade, qui fait cette différence justement. Et par différence ne voyait là aucun mal, car comme aime le dire l'auteur "ce n'est pas une maladie". Et c'est bien ce ton, cette honnêteté que j'ai particulièrement aimé dans cet ouvrage. Loin d'en faire une faiblesse, il en fait quelque chose de tout à fait naturel tout en évitant de tomber dans la dualité bourreau et victime. Evidemment il y a la violence, évidemment y transparaît la souffrance, mais quelle est-elle à côté de cette jungle qu'est l'école et son corps professoral ? Intelligent !
Cela restera à jamais pour moi incompréhensible cette violence. Ça marque au fer rouge. S'il n'y avait que les brimades, les blagues sur Forrest Gump et les insultes. On pourrait essayer d'oublier. Mais la façon dont les autres vous font comprendre votre différence, ça s'inscrit aussi dans le corps. J'ai dans mes tripes la mémoire de la différence qu'on m'a apprise, qu'on a tatouée dans ma chair. (...)
Personne ne comprenait mon mal-être. Impossible de l'expliquer. De mettre des mots dessus. La honte, c'est de ne pas réussir à parler.
En combinant le rire au lyrisme, l'auteur avoue son amour de la poésie dans un style drôle et délicat. C'est dans cet humour pudique que se dévoile un détonnant mélange de sensibilité et de sincérité. A lire d'urgence !
Roman procuré sur le site Le Bon Coin, je tiens particulièrement à remercier le revendeur qui a eu la gentillesse de me faire dédicacer le livre par Olivier lui-même, mais aussi Agathe Ruga, la talentueuse blogueuse littéraire et créatrice du Grand Prix des Blogueurs Littéraires pour son enthousiasme élégant. Ou quand la littérature relie les êtres...
Le jeu terminé, place à la gourmandise ! A défaut de coca que je déteste (désolé Olivier), si on se laissait tenter par la subtilité d'un thé vert à la rose et de tendres madeleines ?