30 Mars 2017
Cormac McCarthy
Traduction: François Hirsh
Edition: Edition de l'olivier ( broché) / Points (poche)
Prix: 21.30 euros (broché) / 6.90 euros (poche)
Où?: Place des libraires
252 pages
Prix Pulitzer 2007
Emprunté à la médiathèque
La route est un roman fort, violent mais absolument saisissant! Tantôt troublant et émouvant, il retrace l'histoire d'un père et son fils contraint d'errer sur la route afin de survivre à...à quoi, on ne sait pas vraiment, mais l'on suppose à un cataclysme nucléaire qui a engendré un désastre humain. L'auteur en dit peu sur le passé de ces deux personnages mais le lecteur comprend l'essentiel: la vie de cet enfant est la survie du père.
Le monde n'est plus, détruit sous quelques catastrophes de la main humaine, il n'est plus que chaos constitué de cendres et de cadavres. De ce chaos survit une poignée d'hommes dont la nature profonde s'est muée en ce qui est de plus primal. La brutalité, la violence pour la survit est indescriptible au delà de toute imagination...car l'homme pour subsister est prêt à tout. De cette humanité, un homme et un enfant survivent aux prix de grands sacrifices. Errant sur la route, tirant leur caddie, seul possession en le remplissant d'objets trouvés au grès des jours, ils peinent à trouver de la nourriture et un toit pour tout réconfort. L'éducation du fils, le savoir, la mémoire, rythme leur traversée. Déjà sombre, le roman prend une tournure encore plus macabre lorsqu'ils croisent le chemin d'une horde de personnes, revenus à l'état sauvage dont la barbarie est un doux nom à côté du cannibalisme. Parviendront-ils, au delà des intempéries qui sévissent, à survivre à leur voyage? Si oui, pour aller où?
"Assise en face d'elle de l'autre côté de la flamme de la lampe il lui avait dit: On est des survivants. Des survivants? Oui. Pour l'amour de Dieu qu'est-ce que tu racontes, On est pas des survivants. On est des morts vivants dans un film d'horreur."
A travers cet univers désertique et de désolation, les deux personnages principaux, exclus et laissés pour compte sont confrontés à la rudesse de la vie d'un monde sans concession. A quoi se raccrocher quand il n'y a plus d'espoir? Finalement, c'est un père qui se cramponne à son fils, à des rêves qu'ils puissent grandir mais avant tout vivre. En se contentant de nommer ses personnages "l'homme" et "le petit", l'auteur vise directement le genre humain. On assiste alors à une dépersonnification qui implique lui-même le lecteur.
Pour être honnête en le commençant, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le roman. Le lecteur n'a ni repère spatio-temporel ni connaissance du passé des personnages. De plus, le style brut et froid et quelque peu déconcertant mais le sujet est tellement brûlant, qu'on se laisse rapidement convaincre de la nécessité de le lire. La puissance qu'il s'en dégage est folle, la fureur aveuglante et le désespoir palpable. Cormac McCarthy à su magistralement décrire le désir humain de perpétuer le savoir, la culture, dans n'importe quelles circonstances et ce, même lorsque l'espoir est vain. La condition humaine n'a jamais été aussi agressive et glacial qu'avec ce roman post-apocalyptique. Une claque! Munissez vous d'un thermos de café et de cookies fudge pour survivre au voyage...et pour les courageux, je vous conseille le film tiré du roman très, très bien adapté.
Lecture conseillée: Anna, Niccolo Ammaniti