8 Mars 2017
Anthony Doerr
Traduction: Valérie Malfoy
Edition: Albin Michel (broché) / Le livre de poche
Prix: 23.49 euros (broché) / 8.90 euros (poche)
Où?: Le Livre de Poche / Place des libraires
704 pages
Offert en tant que juré du Prix des lecteurs 2017
Puissant, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est un roman à la fois magnifique et d'une grande sobriété. Anthony Doerr a su capter d'une plume sensible, la justesse de la complexité d'une guerre, en l'occurrence la seconde guerre mondiale. Il nous embarque avec une facilité déconcertante, à travers l'enfance de ses deux personnages, dans une période trouble où la sensiblerie n'a pas sa place et détourne les codes de l'horreur pour insuffler un vent d'art et et de poésie.
Le roman par de courts chapitres, commence par présenter successivement la situation des deux personnages principaux par des flash-back. Marie-Laure, jeune fille française de 15 ans et Werner, jeune homme allemand de 18 ans ont un point commun: ils sont tous deux piégés dans la ville de Saint-Malo. Sans se connaître leur destin s'entrecroise au fils des ans pour s'unir ce 7 août 1944 dans cette ville. Quelle est leur histoire, quel est le lien? C'est avec un certain engouement et une maîtrise de son histoire que l'auteur tient son lecteur de bout en bout.
En 1934 Marie-Laure,six ans, parisienne, perd la vue. Sa mère morte en couche, c'est un père aimant qui assure son éducation. Serrurier de renom au sein du muséum national d'histoire naturelle il stimule son imagination auprès des professeurs et autres renoms du muséum. Il met à profit son don de sculpteur afin de lui créer des miniatures de leur quartier pour leur déplacements et surtout, surtout, lui fait découvrir grâce à un livre en braille, l'univers de Jules Verne. Werner quand à lui est enfant allemand, placé avec sa sœur Jutta dans un orphelinat à la mort de leur père mineur de charbon. Sous la protection de la directrice Frau Elena, ils vivent une enfance convenable et comblé d'amour malgré la faim. Passionné de radio il découvre un soir, auprès de sa sœur, une émission de radio française où différentes questions scientifiques sont abordés au son de Clair de lune de Debussy. Werner, enfant ingénieux des transmissions électromagnétiques devient le réparateur officieux des radios des villageois. Le destin de ses enfants bascule lorsque la guerre est déclarée... Au delà de l'enfance, une sombre histoire d'art devient un motif de ralliement sans le savoir entre les deux personnages.
Véritable immersion au sein des deux camps sans aucun parti pris, l'auteur dessine avec contraste, deux pays frontalier dont les habitants, les cultures, ne sont pas toujours ennemis, où la bienveillance et la compréhension transcende les barrières. Le rythme intense du roman est soutenu par de courts chapitres entre Marie-Laure et Werner alterné entre différentes dates, ce qui le rend insoutenable de curiosité. Prix Pulitzer mérité, je vous invite à savourer et siroter des pêches maison (vous comprendrez à la lecture!) au son de Debussy.
Lecture conseillée: La voleuse de livres, Markus Zusak