12 Avril 2017
Zygmunt Miloszewski
Traduction: Kamil Barbarski
Edition: Pocket
Prix: 8 euros (poche)
Où?: Place des libraires
472 pages
Acheté en librairie indépendante
Un thriller polonais, tiens, tiens pourquoi pas? Des noms imprononçables, la ville de Varsovie sombre et mystérieuse, le passé trouble de l'ex-URSS, un meurtre et un procureur, évidemment mon choix à été rapide comme mon passage en caisse de la librairie. Zygmunt Miloszewski entraîne le lecteur dans une sombre histoire de meurtre sous fond de thérapie de groupe à travers une plume méthodique et un personnage principal sympathique. Parfois drôle, parfois tragique, l'auteur insuffle à son enquête une dimension historique et politique qui permet au lecteur de se repérer dans une Pologne moderne avec ses contradictions et ses fêlures.
En 2005 en proie à des doutes sur sa vie, ses choix, Teodore Szacki est un procureur professionnel et humain enquêtant sur la mort d'un patient du docteur Rudzki. Cloîtrés pendant quelques jours dans le monastère de la Vierge Marie de Czestochowa le psychiatre utilise sur ses quatre patients la "Constellation familiale", une thérapie de groupe qui inclue différents patients à un scénario de guérison sur un des sujets. Il ne s'attendait pas à retrouver au lendemain de l'expérience Henryk Telak, patient traité la veille, une broche à rôtir dans l’œil. S'ouvre une enquête laborieuse qui mènera notre cher procureur sur les chemins du passé national, de la mafia et de la vengeance.
Varsovie présentée comme un personnage à part entière, est tantôt colorée, sombre et labyrinthique comme Szacki. Énigmatique, elle tente de se renouveler, en proie au dilemme de la modernité malgré un passé chaotique. C'est dans cette ville qu'évolue le procureur, partagé entre l'accumulation des affaires judiciaires et sa vie de famille insatisfaisante. L'affaire s'embourbe, piétine, tout comme sa vie personnelle, jusqu'à ce qu'un indice provoque LE déclic.
Le rythme journalier du roman est plutôt lent et l'action inexistante, ce qui peut vite décourager le lecteur. Mais comme le répète plusieurs fois Szacki en cours de lecture, la vie policière est différente d'une série télévisée américaine, et pour cause! La force du roman est la description de cet univers et le rôle de chacun au sein du système judiciaire polonais. Bourré d'informations et d'anecdotes politiques, culturels et sociales l'auteur met avant tout en avant une ambiance, des méthodes de travail et dresse ainsi un portrait au vitriol la société polonaise. L'Histoire sert finement l'intrigue et le procureur en est le témoin.
Ce qui m'a à première vue perturbée à la lecture de ce roman est le peu d'action qui s'en dégage, comme si l'intrigue était relayée au second plan. Mais évidemment il faut regarder au delà de la première couche pour s'apercevoir que ce que veut révéler l'auteur est plus profond, plus opaque. Alors non, ce n'est pas un page turner dévorant mais pas moins intéressant, simplement différent. Un café fort et un cannelé à défaut d'une vodka sont conseillé à sa lecture.
Lectures conseillées: Ces lieux sont morts, Patrick Graham
Miséricorde, Jussi Adler Olsen