19 Juin 2017
Sandrine Colette
Edition: Denoël collection Sueurs Froides / Livre de Poche (poche)
Prix: 18 euros (broché) / 7.10 euros (poche)
Où?: Place des libraires
264 pages
Emprunté à la médiathèque
Alors que son premier roman "Des noeuds d'acier" à été récompensé par le grand prix de littérature policière 2013, Sandrine Colette utilise les mêmes ficelles pour son deuxième opus. Alors que la flore est le décor central du récit, la nature humaine est le sujet prédominant de ce roman tout comme le premier. L'auteure à su réitérer une trame, retranscrire une ambiance malsaine et donner une profondeur psychologique à ses personnages. Malheureusement, l'effet escompté est moindre mais pas inintéressant.
Tout commence par un accident de voiture, un malheureux accident qui va tuer Laure et condamner Andreas, son fiancé et conducteur, ainsi qu'Octave, un ami, à de graves séquelles physiques mais aussi psychologiques. Retirés dans une grande propriété vinicole de la Marne, les deux hommes vont alors vivre reclus pendant dix ans. Maître des lieux, Andreas laisse la gestion du domaine à Octave et vit dans l'aile gauche de la maison dans le souvenir de son amour perdu. Les vendanges approchant, les nouveaux travailleurs d'une semaine comptent parmi eux Malo et Camille, frère et soeur fusionnels mais au caractère plutôt différents. Mais Camille au cheveux blond/blanc ressemble étrangement une certaine Laure...
Bien que l'ambiance soit au beau fixe, l'intérêt de Octave pour Camille semble profondément déranger Malo. Cet homme au visage marqué, défiguré par les cicatrices, est en proie aux souvenirs douloureux de son amour secret pour Laure et transfère naturellement ce désir pour Camille. En jouant le chaud et le froid, ces personnages jouent à un jeux dangereux où l'ombre d'Andreas menace jusqu'au jour où Malo disparaît. Alors que tous les vendangeurs assistent à l'inquiétude grandissante de Camille, celle-ci ne renonce pas aux recherches quitte à se mettre en danger.
Sandrine Colette nous emmène cette fois-ci non pas en forêt mais en milieu viticole où la flore est le théâtre d'un drame, où le sang de la terre n'est plus le vin. Le décor devient hostile, étouffant et macabre par la seule présence du souvenir planant. L'ambiance, d'abord légère, devient vite suffocante face à l'urgence de la situation. L'auteure à su donner un relief psychologique mystérieux à ses deux rescapés, qui ne sont que le reflets de leur culpabilité. L'attirance du vilain Octave envers la jolie Camille, l'interdiction d'entrer dans l'aile gauche de la maison, n'est pas sans rappeler "La belle et la bête" mais souffre d'un excès de pudeur. Les sentiments ambiguës exprimé par Octave n'ont pas la même valeur que ceux de Camille.
Il est regrettable que la densité des personnages ne soit pas de même grandeur. Il manque à ce récit une dynamique, un rythme, malgré l'abîme psychologique plutôt bien trouvé. Il serait exagéré de dire que je me suis ennuyée mais il est vrai que, dans sa globalité, ce roman à parfois manqué de souffle. L'horreur du commencement se répercute au dénouement dans une scène proprement effroyable, ce qui confirme le talent imaginatif de la romancière. Un bilan mi figue mi raisin qui ne vous empêchera pas de passer un bon moment en dégustant une petite coupe accompagné d'une tarte à la fraise.
Lectures conseillées: Des noeuds d'acier, Sandrine Colette
La maison où je suis mort autrefois, Keigo Higashino