L'étrange vie de Nobody Owens

Neil Gaiman

Traduction;  Valérie Le Plouhinec

Illustrations: Dave McKean

Edition:  Albin Michel Jeunesse (broché) / J'ai lu (poche)

Prix: 13.90 euros (broché) / 6.90 euros (poche)

Où? Place des libraires

256 pages

Prix Hugo 2009

Prix Locus 2009

Acheté en librairie indépendante

Un tueur nommé le Jack, un bébé de deux ans dans un cimetière et des fantômes au grand cœur voici comment débute L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman. Pas mal pour un début, malheureusement la suite se complique pour moi car après une accroche enthousiaste je me suis quelque peu heurté à un roman qui m'a un peu ennuyé... Mais attention, malgré un début laborieux j'ai toutefois aimé cet univers fantastique où les fantômes sont pour une fois misent à l'honneur.

Ceci est l'histoire de Nobody Owens, orphelin, poursuivit par un mystérieux tueur, protégé et éduqué par de sympathiques fantômes d'un cimetière. La vie d'un enfant pourrait être plus folichonne que ça, sauf que Nobody surnommé Bod, en ne fréquentant que cet univers s'y adapte et deviens lui-même un être doté de pouvoirs... Élevé par le couple Owens mort il y a plus de 250 ans, il a pour tuteur l'étrange Silas un homme ni mort ni tout à fait vivant, souvent parti en expédition. L'affaire pourrait s'arrêter là mais Bod enfant puis adolescent n'est toujours pas en sécurité car le Jack rôde encore et toujours...

- J'ai appris beaucoup de choses dans ce cimetière. Je sais m'Effacer et je sais Hanter. Je sais ouvrir une porte de goules et je connais les constellations. Mais il y a un monde au-dehors, avec la mer dedans, et des îles, et des naufrages et des cochons. Je veux dire qu'il est rempli de choses que je ne connait pas. Et les professeurs m'ont appris beaucoup ici, mais il m'en faut plus. Si je dois survivre à l'extérieur, un jour.

Une fois passé les soixante premières pages, j'ai commencé à apprécier cette lecture. Le décor planté, un univers crée et des personnages singuliers sont portés par un style affirmé et troublant. Un peu brouillon et chaotique, je n'ai pas été séduite par le surplus de dialogues et la faculté de l'auteur de passer du coq à l'âne. Casse la ne tienne, déterminée j'ai alors fais une pause et repris la lecture quelques semaines plus tard. Et là, jackpot cette session fut la bonne! 

Comme un conte fantastique, Neil Gaiman est à la lisière du réel et mélange les genres avec facilité. Sombre, je doute toutefois qu'il soit à mettre dans toutes les mains, non qu'il ne soit pas adapté pour un jeune public mais par la difficulté du style. Néanmoins j'ai beaucoup aimé les illustrations à l'intérieur du roman rappelant justement à qui s'adresse le récit lui donnant ainsi du relief. 

On peut voir Bod grandir, être éduqué, faire des erreurs et apprendre d'elles, se lier d'amitié...bref un roman initiatique mais qui se passe dans un cimetière. En abordant les thèmes de la perte, de l'adoption, de bien et de mal, d'amitié, l'auteur réussit par le surnaturel à en faire un roman original. Bod est-il un enfant comme les autres? La différence réside-t-elle dans son environnement ou dans sa personnalité? A être trop coupé du monde, son tuteur ne l'incite-t-il pas à le parcourir? Quel est sa véritable identité? Autant de questions dont je ne vous livrerez pas les réponses...

Personne ne remarqua le garçon, du moins pas au début. On ne remarquait même pas qu'on ne le remarquait pas. (...) il s'effaçait, des esprits comme des mémoires.

Avec toute une galerie de personnages fantomatiques, j'ai préféré les vivants aux morts et notamment Silas, un homme au passé trouble, au caractère intransigeant servant de guide au jeune Nobody. Figure paternel, il offre à l'enfant l'image du sauveur, d'un homme en perpétuel quête et au courage indéfectible tel un cow-boy solitaire. Cette confiance entre ces deux personnages m'a beaucoup émue tout comme l'amitié naissante entre Bod et Scarlett, seule amie de chair et d'os. Cette amitié résistera-t-elle au destin du jeune Bod? En voulant découvrir le monde Nobody se confronte à ces propres limites mais jusqu'à quand?

Tu n'es pas une personne, dit-elle. Les gens ne se comportent pas comme toi. Tu es aussi affreux que lui. Tu es un monstre.

Un roman plutôt sympa en cette semaine d'Halloween mais pas non plus exceptionnel. Un chocolat à l'irlandaise devrait donner un coup de fouet à sa lecture tout comme un cupcake aux fruits confits.

Lectures conseillées: Le bon gros géant, Roald Dahl

                                   Les ferailleurs, tome 1: le château,Edward Carey