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Nous les menteurs

Emily Lockhart

Traduction: Nathalie Peronny

Edition: Gallimard jeunesse (broché)

Prix: 14.50 euros

Place des libraires

288 pages

Emprunté à la médiathèque

Nous les menteurs
Nous les menteurs

Dès les premiers mots, les premières phrases, la première page il en était fini de moi. Piégée, cernée, Nous les menteurs a été comme un boomerang à chaque page tournée. En usant d'un style éclectique et utilisant les métaphores comme terrain de jeu, Emily Lockhart a conquis mon cœur et mon esprit pour décrocher le coup de cœur immédiat. Classé roman jeunesse, il est plus que ça: l'histoire d'une parenthèse le temps d'un été, le point culminant d'un basculement, le dysfonctionnement d'une famille, finalement, ordinaire. D'une profondeur et surtout d'une grande maîtrise surgit un récit à la fois émouvant et révoltant, où un halo de mystère entretient la légende de la famille Sinclair touchée certes par un drame mais toujours encline à garder le masque des apparences.

Cadence en nous racontant l'histoire de la famille Sinclair se raconte elle-même. Les étés à Beachwood island, les cousins, le premier émoi amoureux, les drames familiaux... Cette famille se distingue à travers plusieurs choses: une vieille fortune qui comprend la possession d'une île privée où tous se retrouvent chaque année, l’excellence, la beauté et évidemment un snobisme de principe. Mais sous le vernis se cache la jalousie, l'avarice, la manipulation et surtout un secret dont est victime Cadence depuis son accident lors de l'été de ses quinze ans. Aujourd'hui elle en a dix-sept et retrouve enfin ses cousins et cousines Johnny et Mirren ainsi que Gat, un ami de la tribu qui fait battre son cœur. Quel secret entoure son accident dont elle n'a aucun souvenir? Parviendra-t-elle à renouer avec Gat? Cette famille est-elle aussi bien sous tous rapport qu'elle le prétend? Une intrigue qui m'a embarqué, le tout porté par une ambiance caniculaire où l'odeur du secret est plus forte que celle de la mer.

- Tu comprends, Cady? Le silence est un vernis protecteur contre la douleur.
Je comprenais. Et j'ai réussi à effacer mamie Tipper de la conversation, exactement comme je l'avais fait avec mon père. Pas de gaieté de cœur, mais par sens du devoir. A table avec mes tantes, en bateau avec grand-père, même seule avec ma mère...je faisais comme si ces êtres si chers n'avaient jamais existé. Le reste du clan Sinclair a fait front commun. Quand nous étions réunis, tout le monde affichait son plus beau sourire. Exactement comme quand Bess avait quitté oncle Brody (...).

Happée, j'ai dévoré ce roman en à peine deux jours, séduite tout autant par la forme que le fond. Grâce à des personnages attachants par la justesse de leurs caractères et leurs réflexions, l'auteur a su également me charmer par son écriture épurée, sobre et très efficace qui contribue au mystère de l'intrigue. Avec de courtes phrases elle rythme son scénario et le ficèle tellement bien que je me suis laissé embobiner avec joie! Elle arrive à ponctuer son récit de petites touches poétiques et y placer de petits contes délivrant ainsi une dimension supplémentaire au roman. Quelle habileté! Le seul bémol est, parfois, la confusion du temps. Il est vrai qu'au fil de son histoire, Cadence nous ramène à l'été de ses quinze ans tout en nous contant les révélations durant l'été des dix-sept. Mais peut-être est-ce une manœuvre de la romancière pour accentuer le flou dans l'esprit de sa protagoniste comme celui de ses lecteurs? Une chose est sûre, elle a su capter la puissance adolescente et parler à travers elle de la complexité familiale. Un puzzle bluffant réunit autour d'un thé glacé framboise citron et d'un muffin rose pistache devrait exploser en bouche tout comme la surprise qui vous attend.

Lecture conseillée: Sweet Sixteen, Annelise Heurtier

(...) notre rongeur avait une expérience suffisante de la vie de château pour savoir que, s'il restait chez lui, il demeurerait à jamais un secret honteux, une source s'humiliation pour sa mère et pour tous ceux qui le connaissaient. Sans regrets, il tourna le dos au palais qui l'avait vu grandir. Là, il n'aurait même jamais eu de nom.
A présent, il était libre d'aller de l'avant et de se forger un nom dans le vaste monde.
Et peut-être,
oui, peut-être,
reviendrait-il un jour
mettre le feu à
ce putain de palais
et le réduire
en cendres.

Nous les menteurs
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