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Etre ici est une splendeur

Marie Darrieussecq

Edition: P.O.L(broché) / Folio (poche)

Prix: 15.90 euros (broché) / 5.90 euros (poche)

Où?Place des libraires

Acheté en librairie indépendante

Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur

Portrait d'une peintre trop méconnue, Marie Darrieussecq a voulu rendre à Paula Modersohn Becker sa place au sein de l'art pictural qu'elle a révolutionné, mais également une place au rang de femmes modernes. Cette fin d'année sera sous le signe féminin ou ne sera passé ! Puisque la vie de cette peintre est riche et vive d'une éclatante promesse de soi, l'auteure en fait une biographie romancée courte et percutante à l'image du personnage.

De quoi ça parle ? 

Née à Dresde en Allemagne le, 8 février 1876, Paula Becker dessine son destin sous les traits d'un choix de carrière défini: la peinture. Avec son amie Clara, elle commence ses balbutiements picturaux auprès d'une école d'art pour ensuite rejoindre des artistes indépendants, dont Otto Modersohn son futur époux, dans le village de Worpswede. Attaché au mouvement impressionniste, elle s'ouvre à d'autres mouvements lors de fréquents séjours à Paris. Mariée, elle réalise rapidement que l'union la confine à son rôle de femme, elle qui rêve d'une carrière de peintre. Ceci est l'histoire d'une femme qui se voulait libre, libre de penser, libre de pratiquer son art, libre de décider.

Je ne suis plus Modersohn et je ne suis plus Paula Becker non plus.
Je suis
Moi,
et j'espère devenir Moi de plus en plus.

Une vie au service de l'art

Par de courtes phrases et sans chapitres, Marie Darrieussecq a réalisé une interprétation réussie de la vie d'une peintre et insuffler ce vent de liberté caractéristique de Paula M. Becker. En expliquant son oeuvre grâce à sa vie personnelle, notamment ses correspondances, la romancière interroge une femme en rupture avec son temps. Puisque la peintre veut vivre de son art, puisque le mariage est incompatible avec sa liberté, elle décide alors en son propre nom. Femme indépendante hier, féministe aujourd'hui, il s'agit surtout d'émancipation et d'audace qu'elle prend avec toute la fureur qu'elle met dans son art dans un désir d'égalité et de reconnaissance dans un monde d'hommes. 

 

Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autres repères. Leur affirmation au monde, leur "être là", leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s'inventent dans un monde d'hommes, par effraction.

Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur

En nous contant avec rapidité et avidité la vie trop courte de Paula, l'auteure confirme l'écho que prend la forme sur le fond. J'ai été très sensible au renouveau de l'image de la femme, elle qui fut la première à les peindre, non pas dans des poses lascives et non pas pour les hommes, mais pour montrer la femme telle qu'elle est. L’ambiguïté qu'elle pose sur sa conception de la maternité m'a beaucoup intriguée et intéressée. Pionnière, elle réalise des autoportraits d'elle enceinte et met ainsi en lumière une toute nouvelle idée de la femme. Du désir de maternité coexiste aussi un désir de liberté en contradiction avec cette idée. Voilà en quoi Paula M. Becker est unique, une peintre consciente des choix, une femme moderne.

Chez Paula il y a de vraies femmes. J'ai envie de dire des femmes "enfin nues": dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. (...) Il n'y a chez Paula aucune revanche. Aucun discours. Aucun jugement. Elle montre ce qu'elle voit.

Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur
Etre ici est une splendeur

Conquise par les rapports à l'amitié, à sa conception de l'amour et surtout au questionnement intérieur, on peut se demander si sa réticence à engendrer n'est pas un pied de nez du destin, elle qui meurt en couche à 31 ans ! Marie Darrieussecq m'a fait découvrir une femme et une peintre passionnée et passionnante avec un regard documenté et réfléchi sur une consécration, trop peu faites aux femmes : 

Pourquoi n'est-elle  connue qu'en Allemagne? Pourquoi sa ville de Paris ne l'a jamais exposée? Elles est allemande, certes, mais pas plus que Picasso n'est espagnol ou Modigliani italien. L’inachèvement objectif de l'oeuvre est-il à ce point un obstacle? Ou faut-il croire que le fat d'être une femme l'arrêta à la frontière? Faut-il croire qu'elle n'avait pas son visa universel?

Installez-vous confortablement dans votre canapé, un cannelé dans une main et un thé Autumnal Glenburn des Frères Mariage dans l'autre pour vous fondre dans cette lecture pour ensuite profiter de l'adaptation ciné de la vie de la fameuse peintre. 

Lectures conseillées:   Charlotte, David Foenkinos

                                      Les parapluies d'Erik Satie, Stéphanie Kalfon

 

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Z
Tu me remts en mémoire un livre que j'avais noté
Répondre
L
Formidable!