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Quand Dieu apprenait le dessin

Patrick Rambaud

Edition : Grasset

Prix : 19 euros (broché)

Où ?  : Grasset

             Place des libraires

279 pages

Offert dans le cadre du Club des Explorateurs par le site Lecteurs.com

Quand Dieu apprenait le dessinQuand Dieu apprenait le dessinQuand Dieu apprenait le dessin
Que sait-on véritablement sur la naissance de la ville de Venise ? On reconnaît les paysages, ses lagunes et ses canaux. Son architecture et ses gondoles. Mais savez-vous que cette ville mythique a été le centre de biens des convoitises politique et religieuse ? Soif d'indépendance, le début du IXe siècle sonne le glas du pouvoir qu'exerce l'Eglise sur cette province. Comment ? Enlever la dépouille de Saint-Marc de la ville d'Alexandrie pour le placer à Venise. Ainsi, sous sa protection, la récalcitrante ville pourra rivaliser avec Rome et instaurer une république. L'ambition du nouveau souverain est à la hauteur de celle de Patrick Rambaud, raconter l'éclosion d'une cité. De cette rocambolesque aventure non dénuée d'humour, apparais devant nos yeux les contours d'une époque violente d'où naissent les légendes.

Dieu était encore malhabile pour dessiner cette période brute, violente, mal sortie des brumes. (...) Nous étions à l'âge des ténèbres, alors il barbouillait des personnages élémentaires et grossiers.

Une République sinon rien !

En 828, récemment intronisé, le doge de Rialto cherche à assouvir son pouvoir face à Rome et créer une République de mille ans. Pour se faire, il missionne deux tribuns, Rustico et Bon. Leur mission ? Ramener la dépouille de l'évangéliste Saint-Marc et ainsi, proclamer leur indépendance. Marchands réputés, les Vénitiens s'embarquent pour une aventure pittoresque où la barbarie reflète une époque de grande instabilité. Rustico y fera la rencontre de Thodoald, un moine français dont la malice est aussi grande que sa soif d'alcool ! 

Il s'assoit sur le sol de terre battue et, comme derrière un voilage, découvre enfin son nouvel ami Thodoald qui besogne une religieuse au cul rond. (...)
- Fou ! dit Rustico, trop ivre pour se lever. Fou de moine dégoûtant !
- Rien de grave, ô mon frère, après je vais me repentir... (...) Je vais faire pénitence après, continue Thodoald. Je ne boirai plus de vin pendant un mois, rien que de la bière ! Han !

La cocasserie au service de l'histoire

Avant tout, je tiens à remercier Lecteurs.com et particulièrement Dominique Sudre, pour m'avoir offert la possibilité de participer à ce Club des Explorateurs. Lorsqu'elle m'a proposé de lire puis de soumettre une critique sur un livre surprise, j'ai tout de suite dit oui. Il faut savoir vivre dangereusement ! Ne sachant pas du tout sur quel genre de livre, j'allais devoir chroniquer, j'ai été totalement surprise à l'ouverture du paquet. Quand Dieu apprenait le dessin de Patrick Rambaud ? Pas entendu parler et jamais lu cet auteur. En avant, tête baissée, à la découverte non seulement d'un auteur, mais aussi d'un livre passionnant...

Roman historique, j'ai dû me familiariser avec le style. Assez élitiste de premier abord, j'ai été désarçonné par cette écriture ampoulée, y regrettant une vulgarisation du contexte. Avec quelques mots sortant de mon champ lexical, cette lecture allait être ardue... Malgré un contexte historique complexe, les contours d'une aventure s'est peu à peu dessiné pour révéler avec beaucoup de drôleries, les péripéties du tribun Rustico et du moine Thodoald. 

Avec un travail de documentation conséquent, Patrick Rambaud évoque un pan de l'histoire méconnu. Grâce à des personnages attachants et amusants, il ne raconte pas seulement l'Histoire, mais aussi l'état d'esprit de ce siècle. L'humour et la cocasserie des situations détournent le sérieux de cette mission pour mieux ridiculiser la religion comme la politique. Comme lorsque Thodoald se voit demander par les villageois de prier pour appeler l'orage, puis se retrouve pendu car la pluie tombant trois jours durant, créée des inondations. Ou quand celui-ci décide de rester vivre en Egypte auprès de deux coptes, alors qu'il ne croit pas vraiment en Dieu... J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'idée des libertés que s'octroient les hommes à ce sujet pour les soustraire à leur avantage. Où s'arrête la religion, quand commence les légendes ?

- Tu as envie de rester auprès d'eux ?
- Pourquoi pas...
- Toi, Thodoald, qui doutes de tout ?
- Bah...Passer sa vie à croire c'est une drôle d'idée, une mauvaise idée,une idée pauvre, peut-être ps une idée du tout, mais je peux jouer cette comédie. J'ai besoin de me poser, et à Rialto il y a trop d'argent...

En mettant également en avant la position instable de la politique, l'auteur y explique l'instrumentalisation de la religion afin d’asseoir le pouvoir. On comprend alors les desseins qui se sont joués et l'obscurantisme d'une époque qui se cherche, et dont découle la barbarie. Et la violence est bel et bien présente. Comme la punition dont est victime Rustico lors de son escale à Mayence et qui consiste à ébouillanter son bras pour avoir supposément acheté des armes illicites. Ou encore l'essai de ces mêmes armes sur un prisonnier à Alexandrie, qui permet littéralement d'éventrer. Charmant !

Quête rythmée en quatre parties, l'auteur a su m'embarquer aux confins de l'Histoire malgré un début chaotique. Palpitant, ce roman ne manque pas d'action et apporte surtout une connaissance nouvelle de cet étonnant épisode. Mais les Vénitiens ont-ils réussi ou failli à leur mission me direz-vous ? Pour le savoir, il va falloir lire ce récit qui se prête facilement aux légendes. 

Un thé Lov Organic ainsi qu'une ribambelle de fruits étancheront la soif et la faim durant cette lecture. Après les moult victuailles que s'offre Rustico et Thodoalt, un peu de fraîcheur n'est pas de refus. On frôle la crise de foie !

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