Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce soir, on regardera les étoiles

Ali Ehsani (avec le concours de Francesco Casolo)

Traduction : Delphine Gachet

Edition : Belfond (Collection Le Cercle)

Prix : 21 euros

Où ? : Belfond / Place des libraires

314 pages

Offert par les éditions Belfond dans le cadre du Book Club qui se déroulera le dimanche 4 mars sur Facebook.

Ce soir, on regardera les étoilesCe soir, on regardera les étoiles
Imaginez un seul instant, n'avoir connu que la guerre, de rentrer de l'école et découvrir que votre maison a disparue. Littéralement. Que feriez-vous ?Paraît-il que votre pays était magnifique, que la musique pénétrait les maisons, que les cinémas peuplaient les villes, que la nourriture était abondante. Seulement aujourd'hui, accompagné de votre frère, le peu d'avenir qu'il vous reste n'est qu'un infime espoir de gagner une autre terre. Une terre où les bombes ne pleuvent plus, où les hommes ne se font pas tuer pour leur ethnie, où l'éducation n'est pas une chimère. C'est le quotidien d'Ali, garçon de huit ans, qui nous raconte son incroyable épopée de l’Afghanistan au Pakistan, de l'Iran en Turquie pour atteindre une Europe tombée en désamour. Désormais diplômé en droit en Italie, Ali Ehsani bouleverse. Comme un cri jeté contre l'injustice d'un monde en perdition écrit avec tellement de pudeur, on ne peut ressortir qu'ébranlé de ce roman.
Je ne remercierais jamais assez Carine Verschaeve des éditions Belfond pour l'envoi de ce livre déchirant. Le Book Club du 4 mars promet être riche d'échanges... !

La route est à moitié déserte, il n'y a pas grand monde non plus au marché ; on entend des coups de mortier résonner au-dessus de nos têtes, je fais juste un signe pour saluer un marchand ambulant ami de papa qui tire sa charrette pleine de bric-à-brac et je m'attarde devant deux chatons en colère, prêts à se battre.
(...) je tourne à droite puis à gauche et, enfin, j'arrive devant la maison.
Je ne la vois pas. Je ne comprends pas. Elle devrait être là, mais elle n'y est pas. Il n'y a qu'un amas informe de décombres. Je me dis que j'ai dû me perdre (...) Je m'assieds sagement sur un muret : quelqu'un viendra forcément me chercher.

A Kaboul malgré le quotidien de la guerre, Ali huit ans, est un enfant heureux. Des parents aimants, un frère protecteur, un meilleur ami complice, il n'en faut pas plus à cet enfant pour mener une vie somme toute agréable malgré les jours de disette. Seulement un soir, au retour de l'école, sa maison a été bombardée. Et ses parents avec. C'est avec son grand frère Mohammed, qu'il prend la route vers d'autres cieux. Sans autre famille et sans argent, ces frères vont faire l'expérience des passeurs, des caches, des marches interminables pour d'abord trouver refuge au Pakistan, puis en Iran et en Turquie. En voulant honorer le souhait de leur père d'offrir une éducation à Ali, Mohammed tente de partir travailler en Grèce. Cinq ans plus tard, c'est au tour d'Ali d'espérer atteindre l'Europe. Destination : l'Italie. Seul depuis la disparition de son frère, le garçon tente tant bien que mal de survivre dans ce monde. Qu'est-il arrivé ? Quel avenir s'offre à lui ? 

- Je ne veux pas partir. Je veux attendre maman.
Mais finalement nous sommes partis.
- Nous sommes comme les oiseaux, as-tu dit.
- Pourquoi ?
- Parce que les oiseaux volent là où ils veulent et nous, on va voler très loin.

Héros anonymes

Roman cruellement actuel, je ne saurais vous dire quel a été le plus insupportable. La banalisation d'un quotidien bercé par la guerre ? Le déracinement et le parcours d'un enfant réfugié malgré lui ? L'exploitation et la violence des situations ? 

Comme un récit témoin pour son frère accentué par l'utilisation du "tu", l'auteur livre avant tout une histoire fraternelle. Divisé entre les souvenirs d'une époque révolue et ce périple inhumain, entre famille et réconfort contre incertitude et solitude, on assiste à une alternance entre individualisme et solidarité

Pour ce frère qui lui a tout donné, qui l'a protégé, qui l'a encouragé, Ali témoigne certes de la cruauté, mais livre également un brûlant message d'amour et d'humanité. Au-delà de la barbarie qu'il a subi, il a choisit de mettre en avant les incroyables rencontres qu'il a fait. Le drame est ainsi supplanté par l'optimisme et l'espoir qui grandit à chaque page. Lumineux !

Les gens qui parlent des émigrés utilisent souvent le mot "désespérés", mais ce que moi, je pense, aujourd'hui, à Rome, dans ma vie italienne, c'est qu'il n'y a rien de plus semblable à l'espoir que la décision d'émigrer : espoir d'arriver dans un endroit meilleur, espoir de réussir, espoir de survivre, espoir de tenir bon, espoir d'un dénouement heureux, comme au cinéma. Il est normal que tout être humain cherche désespérément à améliorer sa condition et, dans certains cas, partir est le seul moyen d'y arriver.

Un regard lucide

Avec une vision intérieure et non politique du récit, je n'ai pu empêcher les images du petit écran de venir à moi. En assistant tous les jours ou presque, aux flots de vidéos, on en oublie de tendre la parole. Regarder, oui, mais écouter ? Car il est facile d'entendre telle ou telle personne donner son avis, mais il l'est moins d'écouter les principaux concernés. En dénonçant avec retenue l'exploitation humaine, l'Europe hypocrite, je suis admirative. Admirative d'un homme qui n'a pas succombé à la colère, qui n'a pas cédé à la facilité ni la victimisation. Alors sachez Mr Ehsani que moi, je suis et resterais en colère pour deux, fâchée contre des gouvernements corrompus et toutes personnes qui bafoues les droits humains. Vous êtes un exemple d'intelligence, plus que certains citoyens en règle.

Un roman choc, émouvant et précieux d'un enfant résolu devenu un homme libre. 

Un thé noir ? Oui, mais un Earl Grey, comme le préféré de la maman d'Ali, accompagné d'une glace, des tas de glaces...pour le comprendre il vous faudra lire le roman !

Pour l’inscription à la newsletter, il vous faudra passer par un ordinateur ou une tablette !

Ali Ehsani et Francesco CasoloAli Ehsani et Francesco Casolo

Ali Ehsani et Francesco Casolo

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article