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Exploratrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Le chien rouge - Philippe Ségur

Editions : Buchet-Chastel 

Prix : 17 euros

Où ? : Buchet-Chastel / Place des libraires

Partenariat avec le site de la Fondation Orange Lecteurs.com

Exploratrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Le chien rouge - Philippe SégurExploratrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Le chien rouge - Philippe Ségur
Ça y est, le mois d'août est passé. Et qui dit août, dit Explorateurs de la rentrée littéraire du site Lecteurs.com !!!! J'ai une fois de plus eu le privilège de participer à cette formidable aventure, encadrée par les adorables et professionnelles Dominique Sudre et Karine Papillaud, dont la passion est égale à la gentillesse. Explorateur de la rentrée littéraire, c'est quoi ? Tout simplement lire quatre livres de la rentrée choisis et envoyés par leurs soins puis les chroniquer. C'est tout ? Et bien non. Arrivée à chaque page 100, les quarante neuf explorateurs et moi-même, donnons notre avis sur ces premières pages : ambiance, style... pour enfin les chroniquer. Et puis Explorateur, c'est aussi des découvertes, des partages, des notes, des photos. Bref, du bonheur en pages quoi ! Pour ce premier article, j'ai choisis de partager ma première révélation : Le chien rouge de Philippe Ségur. Pourquoi ? Solitude, dépression, fureur philosophique et sociale...tout un programme !
lecteurs.com

 

Il y avait en lui une double tension, l'une vers l'intériorité et la contemplation animale, l'autre vers l'action d'une conscience sociale en révolte, rouge comme la colère qui l'habitait.

Dépression et critique sociale

Aimantée, je l’ai été dès l’ouverture du roman. Avec Chien rouge, Philippe Ségur nous promet une vive et douloureuse immersion dans les méandres de l’esprit de son protagoniste, et que c’est bon ! De cette plume lyrique, les réflexions sur l’amour, la vie, le monde qui nous entoure, deviennent de plus en plus menaçant à mesure que le narrateur Peter Seurg, sombre dans la dépression. Dans quelle mesure ce brillant cerveau tombe inexorablement dans l’apathie ? Quel est ce chien rouge qui lui ronge les entrailles ?

Professeur de droit à l’université, écrivain, Peter Seurg mène une vie somme toute banale d’homme divorcé. Tombé fou amoureux d’une sublime créature portant le doux nom de Neith, celui-ci ne calcule pas encore l’état émotionnel dans lequel il plonge. Tiraillé entre une éducation sans fantaisie et le poids d’une société toujours plus écrasante, le narrateur se mure dans une série de questionnements qui le conduisent à une solitude choisie. En se débarrassant de tous ses biens matériels pour s’isoler dans une maison de montagne, Peter ne créé-t-il pas toutes les conditions de sa lente agonie jusqu’à une disparition prématurée ?

En débutant son histoire à travers la voix du voisin et ami de Peter, l’auteur marque la construction d’un récit maîtrisé. En créant une intrigue autour de la disparition soudaine du protagoniste, celui-ci accroche l’intérêt du lecteur pour ne plus le lâcher. Et ça fonctionne ! Dès les premières pages, j’ai été fasciné non seulement par le discours du voisin, mais surtout par l’intelligence et la pertinence des pensées de Peter. Remettant en cause un modèle familial, social et politique imposée par une société exigeante, le romancier fait de son personnage un individu accessible, écrasé entre les devoirs de l’apparence et ses désirs véritables.

Je me sentais comme un homme broyé sous la presse de l'Histoire. Le monde, les principes, les valeurs et la culture par lesquels et pour lesquels j'avais été fabriqué venaient d'être, en l'espace d'une ou deux décennies, jetés par dessus bord. (...) 
Çà et là dans le monde, des zombies se levaient, massacraient des gens au hasard, étaient abattus, avant que d'autres zombies se lèvent pour tuer à leur tour et ça recommençait. (...)
L'ère des révolutionnaires était passée. Le temps des indignés était venu.

J’ai beaucoup aimé le malaise grandissant qui s’empare de son esprit puis de son corps. Pris au piège d’une dépression, Peter exprime avec finesse la lente descente aux enfers qui n’apparaissait pas telle quel au commencement. Qui du chien rouge, cet être gorgé de colère et de ressentiment, et du professeur de droit à la vie respectable gagnera le combat ? Sous quelle forme prend la disparition de Peter ? Et si Peter possédait la vision la plus lucide sur notre monde ? De cette fureur philosophique, l’envie de lire Hermann Hesse et Nietzsche, écouter du classique, et contempler le monde s’est emparée de moi. Merci Philippe Ségur pour ce voyage mélancolique à la sagesse graduelle, le spleen n’a jamais été aussi séduisant d’actualité.

Que grignoter avec cette lecture ? Difficile à dire face au manque d'appétit du protagoniste ! Boire, ça il sait faire donc je vous propose un grannnnnnnd verre de vin rouge afin d'atteindre le même degré d'ébriété du sombre héros

Envie de lire toutes les chroniques des Explorateurs ? Bonne pioche, c'est par ici !

Lecture conseillée :  Le dernier violon de Menuhin, Xavier-Marie Bonnot

 

romancier philippe ségur
Philippe Ségur

 

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