Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Explolectrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Maîtres et esclaves - Paul Greveillac

Editions : Gallimard (Collection Blanche)

Prix : 22 euros

Où ? : Gallimard / Place des libraires

Partenariat avec le site Fondation Orange Lecteurs.com

Explolectrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Maîtres et esclaves - Paul GreveillacExplolectrice de la rentrée littéraire Lecteurs.com : Maîtres et esclaves - Paul Greveillac
Dans cette fresque historique de la Chine de Mao à nos jours, Paul Greveillac propose de suivre la vie du peintre Tian Kewei avec son lot de malheurs et si peu de bonheur. En maniant une langue riche et poétique, il a réussi à me faire voyager dans l’impitoyable Chine maoïste, dépeindre un régime politique et social, mais aussi retranscrire l’ambiance délétère qui envahit peu à peu ce pays. Car malgré la rudesse de la vie dans la campagne chinoise de 1950, Kewei peut compter sur la légèreté de son père, paysan et peintre amateur, qui l’initie à la sensibilité de l’art et de la contemplation sous couvert des critiques maternel. Quel avenir pour cet enfant promis au dur labeur ? Sous couvert de Révolution Culturelle et de Grand Bond en avant, le romancier livre l'histoire touchante et fascinante d'un peintre en devenir, entre odeur de terre et goût du sang. Merci encore à Lecteurs.com de m'avoir fait confiance une fois de plus dans cette formidable aventure livresque !

Kewei s'endurcit. (...) Mutique, il ne sortait de son silence que pour dire à quel point il détestait l'école. Xi Yan répondait que ça ne servait à rien, l'école, qu'on n'y enseignait pas comment devenir un bon paysan. Yongmin regardait tristement son fils. Il pensait au contraire que l'éducation était importante. Qu'il fallait que son fils apprît à lire et à écrire. Pour mieux savoir peindre et atteindre à la "Triple perfection" - alliage de la peinture, de la calligraphie et de la poésie.

Peinture et propagande

Alors que la Révolution Culturelle est en marche, la collectivisation des terres bat son plein, flanquée de la famine qui va avec. En perdant successivement les habitants de son village jusqu’à son père, Kewei subit de plein fouet l’effet du Grand Bond en avant qui secoue la Chine sans perdre pour autant son attrait pour le dessin, au grand dam de sa mère. Et si ce don si souvent décrié, devenait un jour son salut ? Repéré par un garde rouge, Kewei est bientôt envoyé aux Beaux-Arts… Entre rééducation, gardes rouges et propagande, la vie du protagoniste n'est pas de tout repos. L’auteur écrit avec force de détails le basculement de cet être amoureux de dessin, peu à peu gangrené par un régime totalitaire, qui va perdre lentement ses racines.

Fondation Orange lecteurs.com

Aimantée par l’enfance et l’adolescence du personnage, qui font la première grande partie du roman, je l’ai moins été par la suite. Tandis que le romancier en bousculant les émotions plante son décor rural au pied de l’Himalaya, les longueurs en milieu de roman ont eu raison de moi. Changements politiques, manœuvres et luttes de pouvoir prennent le pas sur les couleurs de l’enfance pour lentement détruire les idéaux d’un jeune prodige. Toutefois, l’espoir renaît avec la progéniture de Kewei, soumis aux bouleversements d’une nouvelle génération.

Transmission ratée, désillusions ou encore crise identitaire, ce vibrant portrait est bien plus qu’un hommage à toutes celles et ceux qui ont participés au « futur » chinois. Ici, la culture revêt ses plus beaux habits pour se débattre et exister par elle-même. Alors que l’art est relégué au rang de propagande, Paul Greveillac l’utilise comme témoin d’un temps passé pour expliquer. C’est donc avec lyrisme que la plume de l’écrivain m’a montré la tendresse, mais aussi la passivité de ce peintre au potentiel artistique mal exploité, trop exploité ? Des sentiments refoulés de Kewei, j’ai malgré moi ressenti une vague d’empathie envers cette vie soumise et décharnée.

Et si on poursuivait cette lecture en grignotant ? Alors non, pas de de clichés, point de gâteau chinois ou boule de coco, mais plutôt un gâteau simple et pas très fun à l'image de Kewei : le quatre-quart ! Twisté au citron ou à l'orange, pour les illusions perdus d'un enfant sacrifié au manœuvre politique.

Paul Greveillac

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article