5 Septembre 2018
Editions : Acte Sud
Prix : 21.80 euros
Où ? : Acte Sud / Place des libraires
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A l’été 92 dans l’est de la France, Anthony quatorze ans, a le caleçon qui le démange. C’est l’été et au contact de son cousin, il profite de la proximité d’un lac pour s’adonner pleinement aux excès de l’adolescence. Mater les filles, fumer, boire des bières et plus si affinités : le ton est donné. Hacine, seize ans, passe de son côté un été différent. La cité, la fumette et l’inertie font partis de son quotidien. De ces étés, ils se croiseront, se jaugeront et se provoqueront, quitte à transgresser les règles.
Les siens, il les trouvait finalement bien petits, par leur taille, leur situation, leurs espoirs, leurs malheurs même, répandus et conjoncturels. Chez eux, on était licencié, divorcé, cocu ou cancéreux. On était normal en somme, et tout ce qui existait en dehors passait pour relativement inadmissible. Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous l'effet du Pastis, pouvaient remonter d'un seul coup en plein banquet. Anthony, de plus en plus, s'imaginait supérieur. Il rêvait de foutre le camp.
Comment exprimer le relent de nostalgie à la lecture de ce roman sans évoquer les marques de l’époque, la musique ou l’événement footballistique de 98 ? Une bouffée d’oxygène, tantôt grave, tantôt légère s’est emparée de moi, me laissant chancelante à la fermeture du livre. Avec cette façon de décrire les petits riens, l’auteur exprime les joies simples comme les événements les plus tragiques d’une façon presque innocente. Critique sociale d’une France grignoté par le chômage et le racisme, il dépeint à travers ces différents portraits, l’état d’esprit d’une jeunesse confronté au désarroi et à l’incertitude tout comme aux illusions perdues de leurs parents.
Prise entre le feu d'une saison suffocante et les apéros à rallonge, j'aime beaucoup l'apparente simplicité avec laquelle Nicolas Mathieu décrit l'évolution de ses personnages que tout oppose, mais qui semble intrinsèquement liés. C’est léger, tendre, mais aussi brutal. C’est le chant de la vie où se croisent et se recroisent ces personnages. J’ai aimé cette douce mélancolie qui s’en dégage tout comme la luminosité évidente de l’écriture et aurais adoré poursuivre leur évolution, curieuse de savoir où conduiront les chemins d’Anthony et d’Hacine, ces merveilleux meilleurs ennemis.
Saison oblige, une glace, un jus de fruits frais ou même une bière comme il en défile un bon paquet dans ce roman, devraient suffire à étancher la soif et la moiteur qui suinte de cette lecture.
Lecture conseillée : Sauvageons, Benjamin Berton