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Le monde de Christina - Christina Baker Kline

Traduction : Marieke Merand-Surtel

Editions : Belfond (collection Le Cercle)

Prix : 21.90 euros (broché) / 14.99 euros (e-pub)

Où ? : Belfond / Place des libraires

324 pages

Service de presse NetGalley

Le monde de Christina - Christina Baker KlineLe monde de Christina - Christina Baker Kline
Christina Olson. Andrew Wyeth. Ces noms ne vous disent rien ? Pas de panique, au commencement de ma lecture, moi non plus. Dans les années 40, Christina Olson muse du peintre Andrew Wyeth dépeinte par Christina Baker Kline, est une femme au destin à la fois simple et tragique. De 1896 à 1948, la romancière tente de capter la personnalité de cette femme courageuse, prisonnière de son corps et de l'héritage familiale. Comme une ode à la nature et vie de campagne, Christina Baker en fait un roman tendre à l'accent lyrique où l'amitié, l'amour et les relations familiales se croisent pour constituer un monde, celui de Christina. Partiellement paralysée depuis l'enfance, celle-ci brave les regards, prend goût aux études et se permet de rêver à l'ombre de la ferme familiale sur les terres du Maine, fierté de la lignée. De sa rencontre en 1939 avec le célèbre peintre, de l'histoire domestique au rapport au corps, l'auteure m'a charmé avec un style intime que je m'empresserais de louer lors du Book Club Belfond animé par Carine Verschaeve le 18 novembre sur Facebook. Rendez-vous pris, et vous ? 

 

book club belfond le monde de christina

 

Doublement prisonnière

Muse malgré elle du peintre Andrew Wyeth, Christina Olson est avant tout une femme que la vie n'a pas épargnée. Atteinte d'une étrange maladie enfant, celle-ci a dès lors des problèmes de motricité. Les membres raides, sa claudication attire les moqueries comme la solitude. Intelligente, Christina évolue dans la ferme familiale au rythme des saisons et des souvenirs d'aventurière de sa grand-mère. D'ailleurs, "la pièce aux coquillages" démontre la passion maritime de cette famille maudite par un lointain héritage du temps des "sorcières". En grandissant, elle va se confronter à la dure réalité de l'amour, mais aussi à ses rêves perdus, trahi par un corps dont elle est prisonnière. Entrecoupé par les visites d'Andrew qu'elle ne rencontre en 1939, le roman de Christina Baker Kline décrit une vie de champs et de labeur dont Christina est captive.

Il a bien réussi une chose : parfois sanctuaire, parfois prison, cette maison sur la colline a toujours été mon chez moi. Toute ma vie, j'ai été attirée par elle comme par un aimant, m'efforçant de lui échapper, paralysée par son emprise sur moi. (Il y a plusieurs manières d'être infirme, ai-je appris au fil des ans, plusieurs formes de paralysie.) Mes ancêtres se sont enfouis de Salem pour se réfugier dans le Maine, mais comme tous ceux qui cherchent à fuir leur passé, ils l'ont emporté avec eux. (...) Vous ne pouvez jamais échapper aux liens de votre histoire familiale, aussi loin que vous voyagiez. Et le squelette d'une maison peut porter dans ses os la moelle de tout ce qui est venu avant.

Christina Olson, peinture d'Andrew Wyeth - 1947
Christina Olson, par Andrew Wyeth - 1947

En débutant son récit par la rencontre entre Christina et Andrew, l'auteure remonte lentement le fil de l'histoire de cette femme à la vie simple et douloureuse. Elle y décrit avec détails l'évolution de cette enfant devenue femme, au courage et à la détermination sans failles, mais aussi la vie campagnarde et ses rituels. Ode à la simplicité d'un autre temps, à la nature et une certaine façon de vivre tombé en désuétude, la romancière tente d'expliquer la solitude imposée par ce personnage. De ces pages, j'ai apprécié l'évolution de Christina , sa force de volonté tout comme l'espoir d'une vie meilleure loin de la ferme, carcan domestique dont elle ignore encore la force de l'emprise.

Je suis tombée avec elle lorsqu'elle trébuchait sur ces jambes tordues, désespérée lorsqu'elle a dû interrompre sa scolarité et anéantie à son amour perdu. Les années se succèdent emportant celle qu'elle aurait aimé être.

Le monde de Christina, Andrew Wyeth - 1949

Avec raffinement, il se dégage une intimité palpable dans l'écriture de la romancière. Avec douceur, elle rend compte du temps qui passe à la faveur de la muse. Plus sombre à mesure des années, elle continue de dépeindre, par petites touches comme le ferait un peintre, le monde rétréci de Christina. Présentée en début de roman comme la terre promise de ces ancêtres, cette maison en devient la prison de la protagoniste. 

Touchant et sensible, ce roman un peu trop long mêlant réalité et fiction, à de quoi largement séduire. Alors pourquoi ne pas vous munir d'un thé et de bons cookies à la mélasse comme Christina et plonger dans ce roman à la délicieuse odeur des pois de senteurs ? 

Merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour ce voyage pictural et littéraire. 

Lectures conseilléesCharlotte, David Foenkinos

                                    Etre ici est une splendeur, Marie Darrieussecq

Christina Baker Kline romancière
Christina Baker Kline

 

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