21 Décembre 2018
Viens plus près, Sara Gran
Amanda mène une existence tout à fait heureuse. Architecte et mariée à Ed un homme charmant, l'apparence d'une vie confortable semble la satisfaire jusqu'à entendre un bruit étrange : toc - toc. Ce son de plus en plus intrusif, également entendu par Ed, perturbe la jeune femme. Débutent alors des rêves de plus en plus bizarres, des addictionsjusque-là contenues, des comportements impulsifs et des pertes de mémoire... En répondant au questionnaire du livre "Possession démoniaque d'hier à aujourd'hui" malencontreusement reçu, Amanda entrevoit la possibilité d'être possédée. Inquiète, est-ce la paranoïa qui s'empare d'elle ou quelque chose de beaucoup plus grand... ?
Roman court, la noirceur qui s'en dégage n'en est pas moins perturbante. Dès les premières pages j'étais prise au piège, Sara Gran piquant ma curiosité tordue. De cette écriture simple mais pas simpliste, j'insiste, elle y décrit le calvaire de son personnage comme une fatalité. Ecrit à la première personne, Amanda y décrit sous forme de constatsa lente descente aux enfers avec pour exemples les petits trucs du quotidien, les insignifiants changements de comportement, pointant du doigts une métamorphose imminente.
Le signal, Maxime Chattam
La famille Spencer vient de s'installer à Mahingan Falls.
Jusqu'ici, tout va bien. Un vrai paradis.
Si ce n'étaient ces vieilles rumeurs de sorcellerie, ces communications téléphoniques brouillées par des cris inhumains, ce quelque chose d'effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents, et ce shérif dépassé par des crimes horribles.
Pour tout vous avouer, je n'ai pas encore lu ce roman, mais...j'espère bien l'avoir sous le sapin ! Critiques unanimes, engouement général, je suis persuadé de tenir là LE roman d'épouvante de l'année. Tremble Stephen King, tremble !
La nuit n'est jamais complète, Niko Tackian
Traversant à perte de vue la route n°33 quelque part en Amérique du Sud, Arielle et Jimmy, père et fille, sont stoppés net dans leur progression, un barrage de police empêchant toute avancée suite à un glissement de terrain. Pris au piège et cernés par le désert, ils n'ont d'autres choix avec Florencio, Juan et Victor, trois autres compagnons d'infortune, de dormir dans leur voiture. Au réveil, sans plus aucune présence policière et les batteries de voitures à plats, ils ne leur reste plus qu'un mince espoir de trouver des habitations. N'écoutant que leur instinct et parcourant quelques kilomètres sous un soleil ardent, au loin, ils aperçoivent deux tours métalliques révélant un village laissé à l'abandon. Ancienne mine désormais déserte, ce lieu sera leur refuge, mais pour combien de temps ? Alors que chacun découvre cet étrange lieu, une bête rôde... La mine semble cacher de sombres secrets. Et si le hasard n'avait rien à voir ?
Thriller fantastique, j'avoue que l'univers de Niko Tackian est fascinant. Façon Stephen King, il distille avec brio des éléments empruntés au fantastique pour les mêler avec subtilité au thriller. Quel est le vrai du faux ? Où est la part de réel ? La fluidité de l'écriture, la rapidité des chapitres et l'intensité des événements renforce cette ambiance étouffante pour en faire un huis-clos haletant puisque, malgré un vaste paysage, il est étonnant de constater la sensation de claustrophobie qui se dégage de ces pages.
Saga L'amie prodigieuse, Elena Ferrante
Entre Lila, au tempérament sauvage et mystérieux et Elena, peu sûre d'elle et influençable, un lien fort et unique va naître pour le meilleur et pour le pire. Les deux amies grandissent ensemble et prennent des directions opposées par envies, choix mais toujours influencées par le regard l'une de l'autre. Le lecteur est spectateur de cette naissance et de cette union sacrée entre elle deux. Car il s'agit bien ici d'une union, d'un pacte inconscient entre ces deux enfants aux caractères si différents. Cette amitié que je trouvais de premier abord plutôt malsaine, se transforme en une amitié solide mais teintée de jalousie, d'envie mais aussi de respect.
Ce roman écrit avec passion et douceur est cette année, un de mes coups de cœur et c'est peu dire! L'auteure nous entraîne dans le Naples des années 50, où l'amitié entre deux petites filles va naître dans les rues sinueuses, la promiscuité, la misère mais aussi la joie des petits bonheurs et le boom économique d'une Italie bercée par la dolce vita. A mesure plus sombres et tortueux au fil des tomes, cette saga évoque une amitié indéfectible entre deux femmes évoluant avec leur temps.
Seuls, Fabien Vehlman / Bruno Gazetti
"La disparition". Voilà le titre on ne peut plus simple du premier tome d'une série addictive. A Fortville, cinq enfants se réveillent seuls et désemparés. En quête d'adultes, ils vont se trouver et chercher à comprendre d'où vient ce phénomène. Avec leur personnalité propre, chacun contribue à la survie.
Une série addictive et mystérieuse pour les petits comme les grands que vous retrouvez également sur grand écran dans une adaptation un peu plus sombre cette fois.
Les vieux fourneaux, Wilfrid Lupano / Paul Cauuet
Cette bande dessinée est simplement phénoménale ! Tendre et drôlissime, elle se fait le porte-parole des seniors. Génération critiquée, cette comédie parfois nostalgique et mélancolique présente le choc inter-générationnel avec panache. Entre Pierrot, le révolutionnaire farceur, Mimile, l'ancien rugbyman séducteur et Antoine, syndicaliste acharné, Sophie va apprendre du passé qui aurait peut-être mieux fait de rester où il est... Les personnages terriblement attachants et les réparties percutantes font de ce récit un vrai petit bijou visuel. Coup de cœur !
Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieux
A l’été 92 dans l’est de la France, Anthony quatorze ans, a le caleçon qui le démange. C’est l’été et au contact de son cousin, il profite de la proximité d’un lac pour s’adonner pleinement aux excès de l’adolescence. Mater les filles, fumer, boire des bières et plus si affinités : le ton est donné. Hacine, seize ans, passe de son côté un été différent. La cité, la fumette et l’inertie font partis de son quotidien. De ces étés, ils se croiseront, se jaugeront et se provoqueront, quitte à transgresser les règles.
Avec cette façon de décrire les petits riens, l’auteur exprime les joies simples comme les événements les plus tragiques d’une façon presque innocente.Critique sociale d’une France grignoté par le chômage et le racisme, il dépeint à travers ces différents portraits, l’état d’esprit d’une jeunesse confronté au désarroi et à l’incertitude tout comme aux illusions perdues de leurs parents.
Le chien rouge, Philippe Ségur
Professeur de droit à l’université, écrivain, Peter Seurg mène une vie somme toute banale d’homme divorcé. Tombé fou amoureux d’une sublime créature portant le doux nom de Neith, celui-ci ne calcule pas encore l’état émotionnel dans lequel il plonge. Tiraillé entre une éducation sans fantaisie et le poids d’une société toujours plus écrasante, le narrateur se mure dans une série de questionnements qui le conduisent à une solitude choisie. En se débarrassant de tous ses biens matériels pour s’isoler dans une maison de montagne, Peter ne créé-t-il pas toutes les conditions de sa lente agonie jusqu’à une disparition prématurée ?
Aimantée, je l’ai été dès l’ouverture du roman. Avec Chien rouge, Philippe Ségur nous promet une vive et douloureuse immersion dans les méandres de l’esprit de son protagoniste, et que c’est bon !
Einstein, le sexe et moi, Olivier Liron
« Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J’ai joué au jeu télévisé Questions pour un champion et cela a été très important pour moi. » Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec notre candidat préféré. Olivier Liron lui-même est fort occupé à gagner ; tout autant à nous expliquer ce qui lui est arrivé. En réunissant ici les ingrédients de la confession et ceux du thriller, il manifeste une nouvelle fois avec l’humour qui est sa marque de fabrique, sa très subtile connaissance des émotions humaines.
Véritable coup de cœur de cette rentrée littéraire 2018, ce récit aigre-doux est d'une subtilité et drôlerie fantastique ! Avec force et courage Olivier Liron aborde sous couvert du célèbre jeu, sa différence, le harcèlement scolaire, mas aussi le rapport au sexe et aux sentiments. De cette souffrance, née la poésie.
Gourmande, Isabelle Kichenin
Mathilde, quarantenaire et professeure de lettres universitaire refuse l'amour. Dégoûtéepar sa précédente relation, en rejet d'elle-même, elle se surprend à regarder de nouveau ce corps si désirable qui désormais lui appartient. Comme une réponse à ce désir si nouveau, elle est progressivement séduite par Damien, un de ses élèves les plus brillant, lui aussi en proie à des doutes personnels. Protecteur de Marie, sa jolie, mais néanmoins perturbée petite-amie, celui-ci brûle inexorablement de désir pour Mathilde. Trio victime de traumatismes d'enfances, ceux-ci amorcent un dialogue des corps et tentent de se réconcilier avec eux-mêmes et un passé trop encombrants. Qui de Mathilde ou Marie, Damien choisira-t-il ? Mathilde, parviendra-t-elle à s'accepter ? Marie, pansera-t-elle ses blessures ?
A travers ces trois protagonistes et la violence infligée aux enfants comme fardeau, Isabelle Kichenin délie les langues et propose de se pencher sur l'adulte. Ou comment il est important d'appréhender son passé pour mieux construire son futur. C'est avec une plume poétique à la fois crue et délicate, qu'elle bouleverse et interroge la société réunionnaise, à cheval entre conformisme et modernité.
Et voilà, toutes les cartes sont entre vos mains ! En attendant de nouvelles rencontres littéraires, je vous souhaite d'excellentes fêtes et pour les plus chanceux, de belles vacances !