1 Février 2019
Traduction : Philippe Mothe
Editions : Michel Lafon
Prix : 18,95 euros (broché) / 7,20 euros (poche)
Où ? : Michel Lafon / Place des libraires
304 pages
Emprunté à la médiathèque
La veille de Noel et jour de son anniversaire, Marnie, quinze ans, découvre son père inerte dans le lit conjugal. Dans la même journée, c'est le corps pendu de sa mère qu'elle trouve dans le cabanon de jardin. Que faire ? Après quelques jours de réflexion, elle décide avec sa sœur Nelly, onze ans, d'enterrer leurs corps dans le jardin. Bien que chacune soupçonne l'autre d'être à l'origine du drame, celles-ci décident de continuer leur vie comme si de rien n'était, attendant les seize ans légale de Marnie. Ayant rapidement des doutes concernant l'absence des parents indignes Lennie, le vieux voisin, va prendre ces deux enfants sous sa protection. Débute, une cohabitation ardue, mais essentielle. Malheureusement, le dealer des parents junkies et alcooliques s'invite dans le scénario, tout comme un autre personnage inattendu...
Comme j’étais prématurée, ils m’ont envoyée direct en soins intensifs, je suis restée neuf semaines dans une bulle en plastique, avec Gene et Izzy qui me fixaient à travers le Plexiglas. J’ai jamais été plus en sécurité que là. Voilà, c’est pour ça que je m’appelle Marnie, et pas Eve ou Prudence ou Lucretia. Non, Marnie. Trop jeune pour fumer, trop jeune pour boire, trop jeune pour baiser, mais y avait qui pour m’en empêcher ?
Quel bien étrange livre que voilà ! Plutôt sombre, voir glauque, il m'a entraîné dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Des premières pages assez dures concernant les corps en putréfaction des parents, aux tombes improvisées, en passant par le rapport au sexe de Marnie, j'ai eu bien du mal à cerner les personnages. Mais tout doucement, les carapaces se fissurent pour laisser entrevoir les drames et les manques de l'enfance.
Grâce à de courts et clairs chapitres, l'auteure donne la voix aux trois protagonistes principaux, Marnie, Nelly et Lennie, pour mieux nous éclairer sur leur vie, leurs attentes et la cohésion de cette toute nouvelle famille. De la perte de l'enfance à l'apprentissage de la vie, la romancière met en évidence la nullité des liens du sang dès lors que l'amour à quitter le domicile familial. Lennie n'est-il pas un meilleur parent que deux junkies à la mémoire et au cœur troués ?
De cette critique sociale, j'ai été émue par la force de caractère de ces jeunes-filles un brin décalées tout comme leurs bleus intérieurs. Plus que leurs secrets, c'est bien l'amure apparente de ces trois personnages qui m'ont séduite et captivé. Leur évolution saisissante témoigne ainsi un début rebutant et une fermeture des esprits à l'ouverture des cœurs où la lumière a enfin presque droit de cité.
Il est difficile de trouver une pâtisserie qui corresponde à ce roman ! Après quelques recherches, il me semble que je ne peux déroger au scone au gingembre. A la fois friable et légèrement piquante, cette gourmandise écossaise coïncide assez bien au caractère du roman. Le tout accompagné d'une tasse de thé noir avec un soupçon de lait, of course !