4 Avril 2019
Traduction : Julia Taylor
Editions : Belfond (collection Le Cercle)
Prix : 22 euros
Où ? : Editions Belfond / Lalibrairie.com
Service de presse dans le cadre des lectrices VIP Le Cercle Belfond.
De la rencontre improbable entre deux enfants, Rosie fille de métayer et Victoria, fille du lord d'Ennismore, une amitié réciproque va se former. Mais en ce début de XXème siècle, le poids des classes sociales est encore tenace et l'une comme l'autre va devoir lutter contre les préjugés.
Après avoir passé son enfance et adolescence en tant qu'élève auprès de Victoria, Rosie quitte Ennismore après un ultime affront. Comment a-t-elle pu imaginer être l'égale de Victoria après tant d'années ? Elle, la pauvre paysanne censée servir la famille Ennis comme sa sœur avant elle. Comment a-t-elle pu penser que Valentin, frère de Victoria, l'épouserai ?
Après son entrée dans le monde, Victoria aspire elle aussi à l'émancipation. Sous le charme de Brendan, valet aux fortes aspirations nationalistes, elle découvre les premiers émois amoureux et s'attire les foudres de ses parents. Envoyée à Dublin chez sa tante Marianne, une frivole et intelligente Lady, la jeune-femme découvre la pauvreté d'une population et prend conscience des inégalités du pays.
Entre conventions et hiérarchies, les deux amies vont se séparer à de nombreuses reprises sous couvert d'aspirations égalitaires. A l'aube de la première guerre mondiale et du vent de révolte nationaliste, les deux jeunes-femmes vont-elles enfin se retrouver ? Tandis que l'Histoire est en marche, un tourbillon de non-dits déchire l'amour et l'amitié.
Il n'y a que cela qui compte pour vous maman. Que va penser la société ? Eh bien, je m'en fiche ! Brendan est un homme bon, sous sa colère. Et il a tous les droits d'être en colère après ce que sa famille a vécu. Mais vous ne le considérez même pas une personne. Pour vous, les domestiques ne sont pas des personnes. Ils ne sont pas nos égaux, ils ne comptent pas comme des âmes vivantes, avec des sentiments et des espoirs, des déceptions et des bonheurs, comme le reste du genre humain. Ils n'existent pas. Les seuls moments où vous les remarquez, c'est quand ils échouent à vous servir, d'une manière ou d'une autre. C'est vous qui devriez avoir honte, pas moi. J'ai plutôt honte d'être l'une d'entre vous.
Tandis que je prépare mon voyage de noces entre l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, ce livre tombe à point nommé ! Amoureuse de ses paysages et de sa culture, l'Irlande est pour moi un rêve désormais accessible alors je ne peux que remercier chaleureusement Belfond et Carine Verschaeve pour le choix de ce roman.
Des prémices un brin fleur bleue, j'ai craint un moment que cette histoire ne soit pour moi. Pourtant, il avait tout pour me plaire. Un esprit Downton Abbey dans une Irlande en ébullition, une amitié complexe et une émancipation féminine imminente, autant de qualités séduisantes pour la lectrice que je suis. Malheureusement, pas ou peu de surprises et de personnalité dès les premiers chapitres. Pugnace, j'ai toutefois forcé cette rencontre littéraire et tant mieux !
Passée outre mes préjugés, j'ai découvert l'Histoire et la politique d'un pays dont j'ignorais les fondements. De l'année 1900 à 1917, divisant ainsi son roman en plusieurs parties, Patricia Falvey décrit l'évolution de la société irlandaise, mais surtout de la fracture sociale émergente. Des famines passées au désir d'indépendance, l'auteure enlace fresque historique et familiale pour mieux illustrer ses propos.
Avec ses personnages Austiniens, j'ai toutefois été un peu frustrée du manque de profondeur de certains, comme l'étrange impression de rester en surface. Ainsi, Histoire et lutte des classes ont remportés le suffrage de mon intérêt, tout comme la brigade des domestiques hauts en couleur !
Des débuts bucoliques au bruit de la révolte, Les Filles d'Ennismore coche toutes les cases d'un roman agréable où la fluidité de l'écriture apporte une touche de douceur.
Qui dit Irlande, dit Guinness ! A l'image du livre, j'ai donc choisi une pâtisserie irlandaise à cheval entre amertume et touches caramélisées afin de souligner la dualité de l'époque entre britanniques et irlandais. A base de bière brune et d'épices le porter cake, parfumé et original, doit reposer une semaine avant de pouvoir être dégusté...avec un thé, of course !
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