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La nuit a dévoré le monde - Pit Agarmen

Editions : Robert Laffont (broché) / J'ai lu (poche)

Prix : 18 euros (broché) / 6,50 euros (poche)

Où ? : Robert Laffont / lalibrairie.com

232 pages

Emprunté à la médiathèque

Passer une soirée dans un joli appartement à faire (théoriquement) la fête, jusque-là rien d'anormal. Mais se réveiller le lendemain avec une déco fraîchement sanglante composée de quelques morceaux de cadavres là, on peut dire qu'il y a un problème. Un gros problème même ! Face à cette situation Antoine, trentenaire et écrivain pour dames en mal d'érotisme, tente de comprendre ce qui s'est passé, jusqu'à ce que la rue impose la terrible vérité : les zombies existent bels et bien ! Reclus dans l'appartement tel un Robinson, Antoine tente de s'organiser, mais surtout de ne pas succomber à la folie... Vous n'aimez pas l'hémoglobine ? Ca tombe bien, car il n'en est pas ou peu question dans ce livre. Ici, tout se joue sur l'aspect psychologique, la perte des repères, la solitude ou bien notre rapport au monde. Pit Agarmen offre ainsi une satire pleine d'humanité où les zombies ne sont que le reflet d'une civilisation en perdition. Amen !

Oscar Wilde avait raison : la nature imite l'art. La profusion de livres et de films sur les zombies ces dernières années auraient dû nous mettre sur la voie. Notre futur était sous nos yeux, il se trouvait dans nos salles de cinéma et dans nos libraires.
Les avoir baptisés leur a donné une forme, aussi folle soit-elle. Ils sont quelque chose , et pas seulement des ombres pour l'esprit. Ils existent et nous sommes en train de disparaître. Le rêve succède à la réalité.

De quoi ça parle ?

Alors qu'une mystérieuse épidémie ravage le globe, Antoine se réveille le lendemain en rescapé miraculeux. Enfermé dans l'appartement d'une amie chez qui il passait la soirée, celui-ci ne comprend pas tout de suite le danger qui le guette. C'est en se penchant du balcon parisien qu'Antoine prend conscience du mal qui s'est emparé des hommes. Les morts-vivants ont pris possession des rues, traquant les derniers humains. La survie revêt alors bien des aspects pour notre anti-héros.

Roman psychologique avant tout, La nuit a dévoré le monde est une surprise. Une belle surprise ! Tandis que j'attendais un roman noir, voir d'épouvante, j'ai été étonnée par le parti-pris. Utilisant la littérature de genre comme fond en l'associant à une forme plus classique, l'auteur réussit avec habileté à imposer cette niche littéraire spécifique. Malin !

Alors qu'on suit l'évolution quotidienne d'Antoine débutant avec la promiscuité des zombies, la disparition successive de l'électricité, de l'eau et des habitants des quartiers alentours, l'auteur s'attarde surtout sur les pérégrinations intérieures du rescapé. Suivant son évolution psychologique, on s'aperçoit rapidement que cette catastrophe est vécue comme une "seconde chance" pour notre anti-héros. Ainsi, du haut de sa prison, Antoine s'interroge sur ce monde et du rôle de l'espèce humaine, sur sa solitude qui l'a peut-être préparé à surmonter cela et du regard des autres qui vous font sentir vivants. Mais une question demeure, Antoine est-il réellement seul ? 

Ecrit sous forme de journal, j'ai totalement été captivée par l'histoire, mais aussi par l'écriture à la fois simple et littéraire. Merci à Pit Agarmen, alias Martin Page, de briser les castes littéraires et démontrer ainsi, qu'un genre peut profiter à un autre !

Envie d'en savoir plus sur l'auteur et son livre ? Découvrez le très intéressant entretien de Martin Page pour Babelio en cliquant ici.

La disparition des zombies n'est pas un cadeau. Je me suis trompé, la joie s'est dissipée. Plus personne ne me regarde et je me sens vide. En ne s'intéressant plus à moi, les zombies me font disparaître.
Aussi fou que ça puisse paraître, ils me manquent. Je n'ai plus d'adversaires, plus de résistance à développer, plus d'élan vital à opposer à leurs yeux avides. Je suis seul, mes souvenirs et mes personnages ne font pas le poids. Quelque chose de physique n'est plus là, et c'est irremplaçable.

Trêve de blabla

Pourquoi lire ce roman ? Pour qui ?

  • Pour ceux qui n'aiment pas l'hémoglobine.
  • Pour celles et ceux qui aiment les histoires de zombies ou post-apocalyptique.
  • Pour la finesse psychologique.
  • Pour le personnage attachant.
  • Pour les littéraires.
  • Pour le suspense.

Lecture conseilléeUn horizon de cendres, Jean-Pierre Andrevon

Un livre, une pâtisserie

Ce n'est pas parce que les morts-vivants dévorent de la chair fraîche, que l'on doit se passer de sucrerie n'est-ce pas ? J'ai donc choisi un flan sans pâte et au chocolat ! Parce que les pistes de réflexions sont denses et pertinentes et qu'une sombre ambiance s'empare du roman, il me fallait un gâteau simple, mais efficace. Et si on prenait un thé noir avec ça ?

Comme une envie de pâtisser ? Retrouvez la recette en cliquant ici...

Pit Agarmen (alias Martin Page)
Pit Agarmen (alias Martin Page)

 

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