24 Septembre 2019
Qu'est-ce qu'un nouveau départ ? En existe-t-il de bons comme de mauvais ou est-ce simplement le fruit de chance ou de malchance ? Quels en sont les sens cachés ? A travers ces dix nouvelles bienveillantes, Laurence Martin tire avec tendresse sur ce fil rouge pour mieux aborder l'amour, l'amitié, la maladie, mais pour toujours, toujours, célébrer la vie.
Dix nouvelles, dix petites explosions de fraîcheur où mon cœur de lectrice a battu la chamade en s'appropriant ces quelques histoires au fort tempérament. Mais c'est à la lecture de "Six mois", mettant en scène la terrible épreuve de la maladie que mes yeux se sont un instant embués, ouvrant les vannes d'une agitation intérieure. Touchée par le cancer, l’héroïne de ces pages prend la lourde décision de quitter, le temps de quelques mois, son compagnon afin d'affronter seule, ce maudit crabe. Enfin presque. Car certains départs sont des retrouvailles et pour elle, la maladie rime avec réconciliation. N'est-ce pas le moment de renouer avec son père ? Si la maladie sépare les êtres, elle peut également en rapprocher. Parviendra-t-elle à pardonner ? Arrivera-t-elle à repousser la mort et ainsi, retrouver son amour ?
Tandis qu’il caresse mes épaules monte un désir simple et nouveau, celui de vivre, vivre seulement ! C’est ça ! Je n’ai pas assez vécu ! Alors je me retourne vers lui et puis je l’aime une dernière fois... Une dernière fois, je veux sentir sa peau glisser contre la mienne, douce et parfumée, languissante. Une dernière fois m’emplir de lui, me sentir fertile, désirable. Je veux qu’il jouisse encore de moi et jouir de lui... une ultime fois. Après seulement je partirai, j’irai rejoindre mes soldats, mon contentieux, et ma grande guerre. On ira casser des cellules, celles qui se croient les plus malignes et on leur mettra la pâtée. On se reconstruira le corps, et on reviendra réparé.
De pages en pages, l'auteure décrit avec un sens du lyrisme désarmant les bouleversements d'une vie, l'éclosion des cœurs et offre à ses personnages une prise de conscience intuitive comme avec "Toi seule sais !", cinquième nouvelle du recueil. Si Laura a toujours subie le tempérament des hommes de son entourage, que ce soit son père, son mari ou à présent son gendre, l'image de sa petite-fille offerte sur l'autel du même modèle bourgeois l'échauffe. C'est à travers la volonté de sauver l'autre, qu'elle prend conscience de sa propre valeur. Sur les routes de France et d'Italie, l'adolescente et la vieille dame s'émerveille, se parlent, se découvrent. Laura goûte pour la toute première fois à l'indépendance et se prête même à rêver d'un amour perdu depuis bien longtemps. Ce départ tardif lui ouvrira-t-il les portes du bonheur et de l'apaisement ?
Anglais, chinois, équitation, solfège, arpège et natation, mais rien qui serve à ses rêves, que du concret et du solide, thésaurisation sur l’avenir, valorisation, potentiel. Leur fille ressemble à une start-up qu’ils ont l’intention de booster. Mais moi, j’ai d’autres plans pour elle !
Quand Sacha monte dans la voiture, j’ai déjà une petite idée de l’endroit où je nous emmène. Peu importent les conséquences ou même le temps que ça durera. Ce temps-là sera fait de joies, confiance en soi, bonheur de vivre. Il sera fait de la vraie « moi », indisciplinée et rebelle. Je fais ce que j’aurais dû faire il y a déjà une paire d’années : je pars, je vire, je décanille ! Dimanche soir, ils seront aux cent coups mais nous, on sera déjà loin…
Équilibrées, ces dix nouvelles lancent un regard affectueux sur tous ces hommes et femmes en proies aux doutes et aux conflits avec eux-mêmes. Sans tomber dans le sentimentalisme, Laurence Martin écrit avec un mélange de lucidité et de délicatesse les choix qui nous sont offerts sans jamais juger. Belle et rayonnante, la vie n'a jamais été aussi lumineuse sous sa plume. Merci encore à l'auteure pour m'avoir offert ces beaux moments !
Après une lecture aussi vivifiante, vers quelle pâtisserie vais-je me tourner ? Qui dit nouvelles, dit petites bouchées. Frais et sucrés, je me suis tournée vers des woopies menthe-myrtille ! A l'image du macaron, mais en plus dense, ces woopies fleuris raviront les palais des plus gourmands pour une lecture encore plus ensoleillée.