9 Octobre 2019
Traduction : Julia Taylor
Editions : Belfond (collection Le Cercle)
Prix : 20 euros (broché)
Où ? : Belfond / lalibrairie.com
Service de presse dans le cadre des lecteurs VIP de la collection Le Cercle aux éditions Belfond.
Le chauffeur de taxi pousse un long sifflement.
- C'est chez vous ça ? demande-t-il ?
Elle fait oui de la tête. Chez elle.
- Ça doit être pas mal de grandir ici.
- Pas mal, répète-t-elle en hochant de nouveau la tête.
(...) Pour elle, ça a toujours été Cloudesley.
Il est indéniable que son enfance a été solitaire, au fin fond de la campagne du Buckinghamshire, auprès de ses grands-parents, dans cette vieille maison avec ses longs couloirs et ses courants d'air. (...) Elle reste un moment devant le bâtiment à observer la façade imposante recouverte de vigne vierge et les fenêtres noircies. La maison semble abandonnée, aucun signe de vie, et un frisson parcourt Maggie. Bizarre, pense-t-elle, parfois il faut quitter un lieu pour réussir à le voir tel qu'il est.
En quittant la bourgade de Cloud Green dans son Angleterre natale pour rejoindre le continent australien, Maggie ne s'attendait pas à y revenir en catastrophe à peine un an plus tard. Diminuée suite à une attaque, Lillian, sa grand-mère, n'a d'autre parent que la jeune-femme pour s'occuper d'elle. De son vœu le plus cher, Lillian tient absolument à rentrer au manoir familial de Cloudesley afin d'y trouver le repos. Malheureusement, la décrépitude de la bâtisse laisse présager le pire. Si Maggie est bien décidée à sauver le domaine, de nombreux obstacles semblent s'accumuler. Mais au détour du sauvetage, son passé comme celui de son aïeul la rattrape. Pourquoi les habitants de Cloud Green lui en veulent-ils ? Quel est ce lien si unique qui semble relier Lillian à cette demeure ?
Entre fruits d'un amour impossible et violences domestiques, les lieux recèlent un véritable trésor comme un secret inavouable.
Il y a des lieux comme ça, plus vivants que leurs hôtes eux-mêmes. Des lieux à qui l'on confère une âme, qui ont un étrange pouvoir d'attraction ou de répulsion sur ses habitants. Cloudesley fait partie de ses demeures au charme mystérieux. A l'instar de Rebecca, de Daphné du Maurier, Hannah Richell confère à ce manoir une étrange aura, où l'on pressent le poids d'un passé douloureux.
De la douleur des conventions sociales des années 50, à l'absence de maternité sous le coup de violences domestiques, Lillian vit au diapason des représentations. Mais derrière les sourires de façades se cache une tout autre vérité. Celle des humiliations, des coups et du chantage. Et l'amour dans tout ça ?
Sous les traits de Jack Fincher, un séduisant peintre embauché par Charles Oberon et mari de Lillian, l'amour se présente aux portes de Cloudesley. Le temps d'un été et au rythme des fêtes de village, les cœurs s'échauffent et se rapprochent au rythme du projet pictural commandé quelques semaines plus tôt. A l'odeur de térébenthine et des fleurs s'ajoute celui de l'amour interdit où le bruit des cœurs brisés approche irrémédiablement.
Alors que Lillian replonge dans ses souvenirs, Maggie quant à elle, vit un peu plus ce présent étouffant où ses erreurs passées alimentent encore les regards haineux de Cloud Green. De ce savant mélange entre deux époques, la romancière apporte une douceur dans des thèmes parfois durs. Avec ce je ne sais quoi de Robert Goolrick dans la narration, elle attribue à ses personnages toute la complexité des sentiments sans toutefois tomber dans le larmoyant.
Ainsi, et avec délicatesse, celle-ci nous entraîne dans un tourbillon de féminité où le féminisme côtoie la difficulté des liens familiaux et où les secrets ne sont finalement, pas plus importants que le chemin qui les y conduits. Cependant, certains personnages auraient mérités un peu plus de souffle, voir de profondeurs pour mieux embrasser leur destin.
Un beau roman à l'accent résolument anglais. A coup sûr, un de mes préférés de cette collection. Encore un grand merci aux éditions Belfond et particulièrement à Carine Verschaeve, une éditrice passionnée !
Pourquoi lire ce roman ? Pour qui ?
Ahhh, la campagne anglaise avec ces manoirs et cet air vivifiant me donnent envie de courir à perdre haleine pour aller... Où, je ne sais pas, mais l'idée me plait bien ! Bon ok, j'arrête de regarder Orgueil et préjugés... Cependant, un petit plaisir, même fantasmé, n'arrive jamais seul c'est pourquoi au plaisir du corps s'ajoute celui de du palais. Qui dit Angleterre dit évidemment scones, c'est pourquoi j'ai jeté mon dévolu sur ces petites gourmandises, cette fois-ci aux myrtilles. Grignotés à la saveur de la nouvelle tisane Blossom in lov de Kusmi Tea aux doux accents de rose, violette et fruits des bois, laissez-vous emporter par la douce fraîcheur de la campagne anglaise.
Lectures conseillées : Arrive un vagabond, Robert Goolrick