11 Novembre 2019
Editions : JC Lattès
Prix : 19 euros
Où ? : Editions JC Lattès / lalibrairie.com
239 pages
Service de presse Lecteurs.com
Lucie Paugham, marionnettiste, est une véritable artiste. Passionnée par cette discipline qui lui a permise d'éradiquer son bégaiement pendant l'enfance, celle-ci est une virtuose dans son art. Oubliez Guignol ou autre spectacle enfantin, non, ici il s'agit d'un sujet grave où Théodora, marionnette fétiche de Lucie, laisse exprimer toute sa grâce une fois sur scène. Alors quand le soir du 31 décembre au détour d'une salle de cinéma déserte, un homme la met au défi de l'empêcher de se suicider, elle ne sait comment réagir ! Charmée par sa voix profonde, celle-ci lui propose simplement de devenir son récitant pour son prochain spectacle. Débute une relation pour le moins délétère entre les deux individus.
Face à un Alexandre mutique et distant, Lucie ne peut s'empêcher de penser à son père suicidé. Au fur et à mesure du malaise grandissant, la marionnettiste perd peu à peu le contrôle de sa vie familiale et artistique, jusque-là cadrée par un joyeux bordel.
Une chose est sûre, Sophie Bassignac à l'art d'intriguer son lecteur dès les premières pages ! En mettant en scène l'étonnante rencontre entre Lucie et Alexandre, l'auteure distille un vent de mystère tant autour des personnages que sur la rigueur artistique de la protagoniste. L'univers des marionnettes m'étant inconnu, j'ai suivi avec intérêt les explications et précisions de cet art si méconnu. Mais ce qui interpelle, c'est tout d'abord la rigueur avec laquelle Lucie exerce son métier, pense ses spectacles et quadrille sa vie. L'élément Alexandre Lanier sera-t-il le grain de sable qui enrayera la machine ?
De la manipulation des fils à celui des êtres fait de chaire et de sang il n'y a qu'un pas. De la foudroyante fourberie d'Alexandre qui laissera un temps Lucie désemparée, la perte de contrôle est la plus déstabilisante pour la marionnettiste. De cette perte surgit le désir de vengeance...
Autour de cette vengeance, gravite d'autres thèmes finement abordés par l'auteure. Ainsi, Sophie Bassignac pose la question de la reconnaissance artistique, du deuil ou encore des relations familiales complexes face au suicide. Lucie a-t-elle enjolivé ses souvenirs d'enfant suite au suicide de son père ? Quelles traces restent-ils une fois adulte ?
Ecrit à la première personne, j'ai néanmoins senti une distance volontaire de la part de l'auteure en début de récit . Puis, à mesure que la protagoniste remet en question son quotidien, la distance s'estompe pour révéler une proximité nouvelle ainsi qu'un personnage plus charmant. De la complexité des personnages, l'intelligence du récit n'en est que plus fort cependant, je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue, m'attendant à plus de noirceur et de sournoiserie. Sans doute m'étais-je fait une idée préconçue du roman avant son ouverture. Dommage pour moi ! Un bon roman tout de même.
Merci donc à Lecteurs.com et aux éditions JC Lattès pour cette lecture enrichissante, me faisant découvrir une auteure inconnue de mon champ littéraire. Chouette !
Pourquoi lire ce roman ? Pour qui ?
Lecture conseillée : Deux soeurs, David Foenkinos
Arrivant à grand pas en fin d'année et le roman débutant justement à cette période, le pain poire-raisins secs aux épices tombe à pic ! Un peu sec comme le cœur de nos protagonistes, épicé comme leur esprit, ce cake doré à souhait, se dégustera à merveille avec un brûlant chai latte. Cousin du pain d'épice, on lui conférera un peu de douceur grâce à la poire qui ne sera pas sans rappeler l'étonnant retournement de situation en fin de roman. Mais ne comptez pas sur moi pour révéler quoi que ce soit !