23 Mars 2020
Traduction : Bernard Hoepffner
Editions : Pavillons poche
Prix : 7.90 euros
Où ? : Robert Laffont / lalibrairie.com
278 pages
Acheté à la librairie Autrement
Au début du XXe siècle, trois amis américains passionnés de sciences et d'aventures découvrent lors d'une expédition lointaine, un mystérieux petit territoire. Enclavé dans de hautes montagnes, dans un pays que Van, notre protagoniste, ne mentionnera jamais par mesure de protection, ce peuple est exclusivement composé de femmes. Premiers hommes à fouler ce petit territoire baptisé Herland par leur soin, et avec leur regard scientifique, mais surtout d'homme occidental, nos trois amis découvrent un monde différent où l'idée d'une féminité telle qu'il la connaisse est balayée. Prisonniers, pour l'instant, de ce merveilleux et luxuriant pays, Terry, Jeff et Van sauront-ils s'adapter à ce nouvel environnement ? Leur perception des femmes changera-t-elle ?
Mais, à part une exception possible en faveur d'une épouse plausible, ou de sa mère, ou, bien sûr, des belles parentes de ses amis, selon Terry, les jolies femmes étaient toutes des proies idéales et celles qui n'étaient pas jolies ne valaient pas la peine qu'on en parle.
Il était parfois assez déplaisant d'entendre ses conceptions.
Mais je perdis patience avec Jeff aussi. Il mettait de telles auréoles rose autour des femmes. Je tenais la position moyenne, extrêmement scientifique, naturellement, et j'avais l'habitude d'argumenter savamment à propos des limitations physiologiques du ses faible.
Aucun de nous trois n'était en tout cas "à la pointe", alors, sur la question des femmes.
Sociologue de métier, il n'est pas étonnant que Charlotte Perkins Gilman ait voulu utiliser cette discipline au service de son roman. Sous forme de carnet de bord, l'auteure a prêté son œil scientifique à son protagoniste principal, Vandyck Jennings, afin de traiter le sujet féministe qui n'en ai qu'à ses débuts. Critique sans fard de la société patriarcale dans laquelle elle évolue et est sans cesse confrontée, l'auteure, amène à plusieurs pistes de réflexions comme la définition de la féminité. Quelle est-elle sinon une définition fixée par l'homme et pour l'homme ? Représentée par des codes extérieurs, où l'apparence et l'attitude revêtent une importance capitale, celle-ci ne dépend que du regard que l'homme porte sur la femme. Pis, celui-ci confond féminité et maternité.
"Avec tant de vieilles femmes, on pourrait croire qu'il y aurait des rasoirs", ironisa Terry. Sur quoi Jeff fit remarquer que jamais auparavant il n'avait vu une absence de poils faciaux sur des femmes.
"J'ai l'impression que l'absence d'hommes les a rendues en tout cas plus féminines dans ce domaine, suggéra-t-il.
- Alors, c'est le seul domaine, accepta Terry à contrecœur. Jamais je n'ai vu un groupe aussi peu féminin. Un enfant par personne ne ma paraît pas être suffisant pour développer ce que j'appelle un aspect maternel.
Et parlons-en de la maternité. Sujet de discorde pour moi, l'idée est ici menée à son paroxysme ! Bye-bye la sexualité épanouie, bonjour la maternité, pleine, entière, merveilleuse. Un peu trop peut-être... Reproduites par parthénogenèse, ces femmes élèvent la maternité au rang de religion. La femme telle quelle, est effacée au profit de l'éducation. Alors oui, cette utopie dans laquelle vit cette communauté est alléchante : non-violente, écologique à souhait, tolérante... Sauf que toutes les femmes ne sont pas aptes à engendrer. Seules celles considérées comme les plus fortes ont le droit de donner la vie. D'où le principe d'eugénisme... Pas terrible n'est-ce pas ? Et le plaisir, on en parle ? Bah pas vraiment puisqu'elles n'ont pas besoin d'hommes pour procréer. Et je ne vous parle même pas du non-désir d'enfants. Bon, n'oublions pas que nous sommes en 1915... Autant vous dire que cette partie tient plus à du cauchemar qu'au rêve pour moi !
Grâce aux voix de ses trois personnages, Charlotte Perkins Gilman, donne corps aux idées ridicules que les hommes véhiculent sur les femmes. Qu'ils soient misogynes, sexistes ou à l'inverse trop complaisants, l'auteure utilise ces arguments pour mieux les retourner, quitte à véhiculer elle-même des idées parfois douteuses. Le reflet d'une époque ?
Happée par la curiosité de ce monde, j'ai vite été rattrapée par un style trop professoral qui marque ces 278 pages de lourdeurs. Intéressant, ce livre fait évidemment la part belle aux femmes, mais aussi à un modèle écologique novateur pour l'époque. Ainsi, leur communauté étroitement liée à la nature, est à l'image de celle-ci, abondante, luxuriante, tout comme disciplinée.
Un livre étonnant, parfois brillant, mais teinté d'idées houleuses.
Pour qui ? Pourquoi ?
Livres conseillées : Les heures rouges, Leni Zumas
Rêves de femmes, Virginia Woolf
Et maintenant, qu'est-ce qu'on se met sous la dent ? Quelle gourmandise ais-je vu à travers ce livre ? Bien que la nature soit assez luxuriante dans ce roman, point d'extravagance dans la communauté qui a réussit à la dompter. J'ai donc orienté mon palais vers des ingrédients simples et basiques comme des flocons d'avoine ou encore du curcuma et des raisins secs. Aujourd'hui, je vous propose donc des golden biscuits, de petits biscuits secs riche en goûts ! A grignoter sans modération, ou presque, accompagné d'un thé vert nature.