17 Juillet 2020
Traduction : Michael Belano
Editions : Belfond (Collection Noir) (broché)
Prix : 21.90 euros
Où ? : Belfond / Place des libraires
416 pages
Service de presse offert par Lecteurs.com dans le cadre des Explorateurs des Polars
C'est au sein d'une de ses villes/plateformes qu’interagissent Paxton et Zinnia, deux nouvelles recrues. Si l'un est embauché à la sécurité et doit se revêtir d'un polo bleu, Zinnia, polo rouge, est envoyée à la manutention courir à la préparation des commandes : livres, chaussures, rasoirs... Affublés de montres connectés, les salariés sont minutés, surveillés, notés.
Ecrit à la première personne, ce roman choral divisé en trois voix distinctes suit l'évolution de Gibson, créateur et patron de MotherCloud sur le point d'être vaincu par la maladie. Paxton donc, ancien gardien de prison désabusé et ex petit patron ruiné contraint de bosser pour son ennemi. Et enfin Zinnia, une taupe dont la mission est d'infiltrer, si ce n'est détruire le système de l'intérieur.
Sous couvert de dystopie, Rob Hart décortique les mécanismes psychologiques qu'exercent ce genre d'entreprise, l'ascendant sur la masse salariale et les pressions envers les politiques gouvernementales. Alors que tout s'achète, même la dignité, la peur de perdre son boulot devient LE moteur et la crainte de tout individu. Alors vivre et consommer dans un tel complexe sous algorithme est un bien petit prix à payer pour vivre décemment. Quitte à s'arranger avec sa conscience...
Derrière sa façade et son utopie volontaire, MotherCloud utilise la technologie comme un moyen de surveillance accrue. Mais comme chacun sait, tout système révèle ses failles...
Créer pour améliorer et innover, la structure monstre se révèle être le visage et le bras armé d'un capitalisme débridé, profitant d'un asservissement progressif et pervers, annihilant ainsi toutes formes de rébellion.
Glaçant, ce livre manque toutefois de souffle romanesque qui fait la signature d'un auteur. Chose que je pardonne volontiers face à la construction du roman et les nombreuses références existantes qui ont offert à la lectrice que je suis, quelques sueurs froides !
Peut-être réfléchirez-vous à deux fois avant de commander des objets, et à fortiori des livres, sur des sites marchands comme la très controversée et à juste titre entreprise commençant par un A, clairement visée à travers ce livre.
De nombreuses phrases et paragraphes m'ont échauffé ou ému, mais jamais autant que ces quelques mots de l'auteur en guise de remerciements :
Pour finir, un mot sur la personne à qui est dédié ce livre : Maria Fernandes travaillait à temps partiel sur trois sites différents de la chaîne Dunkin' Donuts dans le New Jersey, et, en 2014, alors qu'elle s'était endormie dans sa voiture entre deux services, elle s'est accidentellement étouffée dans les émanations de gaz d'échappement. Elle peinait à réunir les 550 dollars mensuels que lui coûtait le loyer de son appartement en sous-sol. La même année, d'après le Boston Globe, le directeur général de Dunkin' Donuts, Nigel Travis, avait gagné 10.2 millions de dollars. Plus qu'aucune autre, l'histoire de Maria est au coeur de ce livre."
Convaincus ? Il ne vous reste plus qu'à vous procurer auprès de votre librairie indépendante (toujours ! et encore plus après cette lecture...) MotherCloud de Rob Hart, édité chez Belfond.
A quelle version sucrée peut bien être associé ce livre dans mon esprit tordu ? Composé de trois personnages, les trois couches distinctes d'un gâteau magique se sont immédiatement imposés à moi. Oui, mais quelle saveur ? Aux pruneaux ! Bah ouais, en faisant référence aux GAFA, surtout à Steve Jobs comme à l'entreprise à la flèche orange, ça me donne des flatulences ! Tordue, moi ? Jamais ! Juste le plaisir de tacler ces gros vilains dès que l'occasion se présente. Faut dire qu'avec ce livre, la perche est tendue...
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