24 Juin 2024
L'hypersensibilité revêt bien des aspects, alors comment appréhender ce trait de la personnalité ? Et d'abord, c'est quoi être hypersensible ? C'est grave, docteur ? Comment faire au quotidien ?
Afin de répondre à ces questions, j'ai sélectionné six livres qui traitent du sujet. Des livres pour tous les goûts.
Tu n'aimes pas les essais ou les documents ? Ça tombe bien, car parmi les six, il y a des romans, un "journal" et même un recueil de poèmes. Alors, on dit merci qui ? Merci Lili !
Mais avant de découvrir cette sélection, un peu de blabla...
Selon Wikipédia,
"L'hypersensibilité, en psychologie, est une sensibilité plus haute que la moyenne, provisoirement ou durablement, pouvant être vécue avec difficulté par la personne concernée elle-même ou perçue comme « exagérée », voire « extrême », par son entourage. Dans le registre sensoriel, l’hypersensibilité peut concerner un seul ou plusieurs des sens du système sensoriel.
Cette notion renvoie à un tempérament, à une caractéristique individuelle qui permet d'identifier un ensemble clinique défini en 1996 par Elaine Aron. L'autrice revisite, par le biais d'études empiriques, le concept de « sensibilité innée » introduite en 1913 par Carl Gustav Jung."
Les travaux de Elaine N.Aron, "psychologue et chercheuse américaine reconnue pour ses recherches dans le domaine de l’hypersensibilité", définit la notion comme ceci :
"L’hypersensibilité est un trait de caractère. (..) Nous apprenons à considérer notre trait comme une simple caractéristique, ni positive ni négative, utile dans certaines situations, préjudiciable dans d’autres.
Elaine N.Aron défini l’hypersensibilité à partir de l’acronyme D.O.E.S.
Depth of processing : Profondeur du traitement de l’information
Overstimilation : Surstimulation
Emotional reactivity and high empathy : Réactivité émotionnelle et grande empathie
Sensitivity to subtle stimuli : Sensibilité aux stimuli subtils "
Source : site Les Hypersensibles
Vous l'avez donc compris, l'hypersensibilité n'est pas une pathologie, mais un trait de personnalité qui peut être, comme moi, mal vécu. Mais comment et pourquoi s'exprime-t-il ? Le site Psychologue.net l'explique ainsi :
"Empathie, intuition, créativité, ouverture d'esprit… Stress, anxiété, difficultés d'attention… Si les capacités et la sensibilité des adultes et des enfants hypersensibles sont décuplés, une mauvaise compréhension ou appréhension de cette hypersensibilité peut rendre le quotidien compliqué à gérer.
Être hypersensible, c'est avant tout ressentir et vivre les choses intensément. C'est faire preuve d'une sensibilité hors norme aux niveaux émotionnels et sensoriels, car si l'hypersensibilité est très souvent associée aux émotions ou à l'hyperémotivité, un de ces principaux aspects concerne l'hyperperception des stimuli extérieurs, ou en d'autres mots, une exacerbation des sens.
Dans la vie de tous les jours, ce qui peut paraître insignifiant pour la plupart des gens, peut vite devenir un enfer pour les personnes hypersensibles. Un robinet qui fuie et le bruit des gouttes qui viennent frapper contre le lavabo peut devenir l'ennemi numéro un du sommeil. Un pantalon tout neuf peut rester dormir dans la penderie à cause d'une couture un peu décalée. Au restaurant, une odeur presque imperceptible peut très vite devenir très incommodante et gâcher le repas… Bref, ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Heureusement, cet ensemble de perceptions exacerbées est une ressource incroyable pour avancer dans la vie. Percevoir de manière subtile les éléments extérieurs permet aux hypersensibles d'exceller dans certains domaines comme les arts, la communication ou encore la musique. Leur grande capacité d'écoute et leur incroyable empathie, lorsqu'elles sont dirigées dans la bonne direction, leur permettent d'avoir une excellente compréhension des autres et des environnements dans lesquels ils évoluent."
Au plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été une enfant sensible, voir très sensible. Une enfant du "trop" : "Pourquoi tu pleures ?", "Arrête de rire comme ça", "Tu me fais honte", "Tu es ridicule", "Tu pleures trop, t'es trop sensible"...
Les stimuli familiaux et environnementaux laissaient comme une marque indélébile sur mes journées, les rythmant au gré des émotions qui m'envahissaient. Il suffisait d'un mot un peu trop fort, d'une lumière trop vive, d'une étiquette qui gratte, d'une petite ou grande injustice pour que mes joues s'enflamment, mes larmes effleurent mes cils, remontant avec elles mes peurs les plus irrationnelles. Et puis ce sentiment persistant d'être en décalage des autres. D'être là, avec eux, sans faire partie intégrante du groupe, avec le sentiment d'être incomprise. Ou du moins d'avoir conscience que quelque chose de plus grand est en train de se jouer. Alors, pour pallier à ces excès sensitifs, je préférais la solitude de ma chambre, des livres, le dessin, le repli.
L'introvertie naturelle s'est alors progressivement dotée d'un masque pour, dans un premier temps, plaire à mes parents, puis se fondre socialement dans la masse, laissant place à l'ambivalence. Peu à peu, j'osais demander une baguette à la boulangère (oui, même ça c'était difficile...), donner mon avis, partiellement exister en tant qu'individu. Se développe des stratégies d'adaptation avec toujours cette vulnérabilité à fleur de peau. Lutter encore et toujours pour rentrer dans ce moule qui ne me convient visiblement pas. Je suis un carré qu'on veut, et qui veut par la force des autres, rentrer dans le rond. Évidemment, c'était peine perdue.
Éponge à émotion avec pour étendard une empathie et une sensibilité à l'injustice exacerbée, je me suis longtemps laissée bercer par une terrible mélancolie. Un sentiment de n'être à ma place nulle part, d'être un être stupide, une inadaptée, me laissant parfois couler par ce que j'appelle mon "trou noir", une dépression cyclique. Et puis, si les autres l'affirmaient en chuchotant, c'est que ça devait sûrement être vrai. Ce sentiment doublé d'une panique intérieure fut alimenté et entretenu par l'éducation nationale. L'enfer de me conformer à ce fameux moule. Et si je n'y arrivais pas, c'était forcément ma faute. J'étais nulle, bête, immature et n'arriverai probablement à rien (dixit les mots d'un prof qui me qualifiait par ailleurs de "boulet"...). C'est dire la violence.
L'hypersensibilité revêt bien des aspects, alors comment appréhender ce trait ? Mon salut vient d'une psychothérapie qui a changé ma façon de voir, de ME voir. J'ai posé des mots et en ai appris, comme l'hyperesthésie : "une sensibilité accrue d’un ou de plusieurs de nos cinq sens (toucher, vue, ouïe, odorat, goût) ainsi qu’une réponse exagérée à un stimulus." Chez moi, elle s'exprime principalement par le toucher (je n'aime pas qu'on me touche), la luminosité et l'ouïe. Pour cette dernière, elle est exacerbée lorsque je suis fatiguée ou stressée, me demandant de revêtir un magnifique casque anti-bruit ! Le sens accru de l'odorat s'invite également parfois dans ce joyeux bordel...
Grâce à la thérapie, j'apprends à poser mes limites, à vivre pour moi et non pour les autres et surtout à me détacher de leur regard. L'hypersensibilité peut être source de souffrance, mais aussi de joie, comme une créativité et un sens de l'esthétisme élevé, l'intuition, la sensibilité au "beau", l'ouverture d'esprit... Si le monde dans lequel nous vivons se définit à travers l'efficacité, la réactivité et la compétitivité, l'hypersensible lui est à l'opposé de ces dogmes, d'où le sentiment d'incompréhension et de décalage.
Outre la psychothérapie, je me suis informée et les livres, comme vous vous en doutez, m'ont beaucoup aidé et appris. Qu'ils s'agissent de romans, de documents de développement personnels ou même de poésie, vous trouverez ci-dessous une liste de six livres qui apaisent mon esprit, mes doutes.
Avant de vous laisser découvrir ma sélection, je tiens à préciser que, malgré une définition universelle, chaque hypersensible à ses particularités. Sans avoir développé tous les aspects de la mienne (culpabilité, pensées redondantes, angoisses..il y a tant à dire !), ne remettez jamais, ô grand jamais, la parole d'une personne qui exprime ses émotions. Bienveillance, écoute et compréhension donc !
Cliquez sur les visuels pour agrandir...