Papillons de nuit - Jane Hennigan

Traduction : Gilles Goulet

Éditions : Nouveaux Millénaires

Prix : 20 euros (broché) / 14.90 euros (e-pub)

Où ? : Nouveaux Millénaires

352 pages

Emprunté à la médiathèque

Papillons de nuit - Jane Hennigan

Pandémie et fin des hommes

Et si la soif de l'humanité à piller nos ressources provoquait la fin des hommes ?

À trop déforester, l'humain a délogé des papillons qui, à présent en haut de la chaîne alimentaire de son espèce, ont muté et sont devenus toxiques pour les êtres humains. Tous les humains ? Non, uniquement les hommes, et par là j'entends le masculin.

Quarante-deux ans après le basculement de l'humanité et au fil de ses souvenirs, Mary nous raconte ce qu'il s'est passé et surtout son présent bien différent. De la violence du monde d'avant à celui de maintenant, il n'y a que le sexe qui les sépare. On pourrait croire qu'un monde sans les hommes, ou si peu, produirait une société matriarcale égalitaire, ou en tout cas qui éviterait le piège du sexisme. Eh bien...non. Car de ce nouveau monde où les femmes ont dû se réapproprier certains métiers et notamment s'adapter, comment perpétuer une descendance et assurer l'avenir de l'humanité sans hommes ?

Société inversée

Tandis que le frisson me gagnait aux souvenirs du jour de basculement évoqué par Mary, un autre, plus terrible encore, me glaçait l'échine. Le traitement des hommes touchés, mais vivants, suite à la pandémie.

Si beaucoup sont morts, les autres sont devenus fous de violence. Leurs cerveaux s'enflamment, les personnalités comme les mémoires sont effacées au profit d'une violence inouïe envers les femmes. À travers cette exagération, l'autrice souligne, évidemment, l'agressivité de notre monde actuel envers les femmes pour brosser le portrait d'une société malade, mais surtout en profite pour retourner une situation de traitement. Outre les hommes contaminés et neutralisés par les sédatifs, les nouvelles générations sont, elles, enfermées dans des instituts et élevées dans l'ignorance du monde d'avant. Dans cette nouvelle société britannique, les hommes sont relégués au rôle d'objet et peuvent entre autres, être visités pour plaisir charnel sur la base du consentement.

Travaillant dans un de ces instituts depuis la formation du nouveau gouvernement, Mary nous raconte son quotidien et le malaise que son âge, proche de la retraite, inspire aux nouvelles générations de femmes qui n'ont pas connu le monde dans lequel nous vivons actuellement. Ainsi, les femmes au pouvoir reproduisent, dans une certaine mesure, le traitement de la société patriarcale d'hier. Cela aurait pu s'arrêter là, sauf que l'intelligence de l'autrice de Papillons de nuit s'affirme dans les détails et dans une ambiance anxiogène qu'elle maitrise parfaitement. Jane Henning réussit à pointer du doigt les dérives non pas d'un sexe sur l'autre, mais en vérité celui du pouvoir.

Mais alors que la conscience du personnage de Mary se fissure, sa morale et son éthique jusqu'ici fidèle à la nouvelle idéologie, se craquelle avec la venue d'Olivia, nouvelle aidante dans son service...

Dystopique et post-apocalyptique, Papillons de nuit propose une autre version de la pandémie. Une version aussi fascinante que terrifiante. En entamant l'écriture de ce livre en 2019, l'autrice s'inscrit alors dans la lignée des auteur.es qui ont du flair, mais aussi de celles et ceux qui ont su se démarquer avec intelligence et finesse, déjouant la facilité du sujet, à l'instar de Christina Sweeney-Baird avec La fin des Hommes.

⁉️ Et toi, tu l'as lu ?

⁉️ Amateur.ice de romans d'anticipation ?

Un livre, une gourmandise !

Dans ce monde où le chocolat est une denrée rare, il me fallait trouver une pâtisserie simple et accessible. C'est pourquoi j'ai choisi le gâteau invisible à la pomme. De son apparence banal, il renferme de fines lamelles de pommes en son cœur.... Miam !

Boisson associée : le thé Ilet Gingembre délicieusement parfumé comme son nom l'indique.