12 Novembre 2024
Editions : Atelier des nomades
Prix : 18 euros (broché)
Où ? : Atelier des nomades / Place des libraires
264 pages
Prix Vanille 2024
Prix Seligmann 2024
Livre prêté
Dans le Paris cosmopolite des années 50, une famille noire américaine s'installe à St Germain, là où le jazz est élevé au rang de religion. Dans ce quartier où s'entremêlent culture et immigration, Charly, trompettiste, Rosa et leur fils Sam, découvrent la liberté de circuler, sans crainte de subir une ségrégation d'un autre âge. Pourtant, Rosa traumatisée par le racisme, reste prostrée dans cette chambre de bonne, réduisant ainsi son univers. Charly, à l'inverse, mû par une insatiable soif de curiosité, découvre une forme d'émancipation.
Dès leur arrivée, des rencontres et des liens se tissent pour former une nouvelle famille, celle des choisis. Les voisins portugais et gardiens de l'immeuble, le primeur réunionnais qui apportent avec lui couleurs et saveurs, la boulangère italienne ou encore l'instituteur catalan. Tous apportent avec eux bienveillance, fraîcheur et réconfort auprès de ces américains venus goûter l’apaisement.
Au rythme des chapitres, la personnalité de Sam se révèle dans le swing et le melting pot de St Germain où sa langue maternelle se peuple de français, enrichi d'arts et de littérature. Le garçon grandit sous nos yeux avec tout d'abord une interrogation mineure, gonflant au fil des pages, pour prendre une place prépondérante : pourquoi cette teinte caramel, cette couleur de peau plus clair que celle de ses parents ?
Dans son apprentissage de la vie, de l'amour, du beau et de l'art, des racines qu'il s'ignore se rappellent à lui, soulevant par la même occasion la grande histoire. Une histoire dont moi, lectrice, ignorait l'existence, et dont les révélations, arrivées un peu tard et précipitamment, m’ont toutefois laissée pantelante.
À travers la force de son écriture suggestive, de documentation et des nombreuses références artistiques qui jalonnent son roman, Fabienne Jonca se sert d'un pan du passé pour faire de lui, celui de l'exil et du déracinement. Même si j'avoue avoir eu un peu de mal à me familiariser aux premières lignes, Brown Baby m'a offert un voyage couleur sépia parsemé d'émotions, transmis par la ferveur de son autrice.
Au bruit du déracinement, ébloui par l'amour et la beauté de l'art, Brown Baby mérite bien ses deux prix littéraires raflés, ceux du Prix Vanille et du Prix Seligmann 2024.
De son ambiance parisienne, Brown Baby a fait naître en moi une envie de... chouquettes ! Rarement dégustée à l'unité, cette gourmandise est représentative de ses personnages sucrés dont les vies s'entrechoquent et se complètent avec délice.
Boisson associée : un café